Versailles confidentiel by Marc Fourny

Auteur:Marc Fourny [Fourny, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Hé ! se peut-il qu’un roi craint de la terre entière,

Devant qui tout fléchit et baise la poussière,

Jette sur son esclave regard si serein,

Et m’offre sur son cœur un pouvoir souverain ?

Le roi ne fuit pas pour autant son palais. Il reçoit régulièrement dans ses appartements, notamment pour le jeu, toujours très apprécié – sauf par Mme de Maintenon –, mais on sent chez les nobles comme une contrainte, une habitude qui semble fatiguer à la longue les esprits. Il faut dire que la cour décline, à l’image de son maître. Si Mme de Maintenon reste encore fraîche pour son âge, ce n’est plus le cas de Mme de Montespan, dont le visage tout fripé frappe un jour la Palatine. « Mme de Montespan a la peau comme quand les enfants s’amusent à jouer avec du papier, à le plier et le replier, décrit-elle au début du XVIIIe siècle ; tout son visage est recouvert de petites rides, si rapprochées les unes des autres, que c’en est étonnant. Ses beaux cheveux sont blancs comme la neige, et toute sa figure est rouge. » Toujours les mêmes amabilités…

Athénaïs revient parfois comme une ombre dans la haute société, mais sa vie n’est plus là. L’ancienne favorite s’est faite pénitente, suivant la voie tracée par la pieuse Louise de La Vallière, sans doute pour racheter devant Dieu son passé dissolu. Retirée dans le Poitou, elle se consacre désormais aux pauvres, finançant un hospice sur ses deniers, tout en demandant aux sœurs de prier pour son âme. La mort vient la saisir tandis qu’elle prend les eaux à Bourbon-l’Archambault, en 1707, ne provoquant aucun émoi particulier chez le roi, puisqu’elle « était morte pour lui » au moment où il l’avait congédiée. Versailles se le tient pour dit, et aucune messe n’est célébrée en sa mémoire. L’ancienne grande sultane de France, l’astre féminin du roi trentenaire, est décédée comme une femme de rien. La chronique rapporte qu’un paysan a été chargé de ramener une partie de ses viscères au prieuré de Saint-Menoux, sans savoir à qui elles appartenaient. En cours de route, il aurait été tellement dégoûté par l’odeur qu’il aurait vidé le tout dans un fossé, pour le plus grand bonheur de quelque porc. Apprenant ce qu’il est advenu de ses entrailles, certains ont ce mot : « Ah ! est-ce qu’elle en avait ? » Ainsi finit la grande Montespan.

Partout la mort rôde, l’hiver enserre dans ses griffes glacées le palais de pierre où le plus grand des rois de France dépérit. Au printemps 1711, le Grand Dauphin, le fils du souverain, disparaît du vivant de son père. C’est la catastrophe, bientôt suivie par une véritable malédiction puisque tous les héritiers de Louis XIV trépassent les uns après les autres en moins d’un an. Ne reste finalement qu’un arrière-petit-fils, Louis, âgé de quelques années seulement… Un si long règne pour finir ainsi, songe le roi. Sa dynastie redevient soudain bien fragile, tout reposant sur la tête d’un enfant. La dépression le guette, d’autant que les maladies assaillent ce vieux corps usé.

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