47 Louis XV by Les Rois de France

47 Louis XV by Les Rois de France

Auteur:Les Rois de France [France, Les Rois de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2013-01-27T23:00:00+00:00


III

Le vent souffle d'Angleterre

Quand Voltaire écrit : « Ce temps ressemblait en quelque mesure au temps de la Fronde. Mais, dépouillé des horreurs de la guerre civile, il ne se montrait que sous une forme susceptible de ridicule », il définit assez bien la période qui va suivre. Mais il ne saisit pas, ou il oublie de dire, que les vrais fauteurs de troubles sont ses amis et confrères du monde des lettres. Ces philosophes, dont il se pique d'être, règnent dans les salons, modèlent l'opinion au gré de leur propre système ou de leur fantaisie. La « philosophie », telle du moins qu'ils l'entendent, et la répandent, d'autant plus aisément que la France est en pleine éclosion intellectuelle, n'est point l'amour ni la recherche de la sagesse. Elle porte en elle au contraire la destruction d'un mode de gouvernement et d'une société. Dès 1715, Mme de Lambert déclarait : « Philosopher, c'est rendre à la raison toute sa dignité et la faire rentrer dans ses droits, c'est secouer le joug de l'opinion et de l'autorité. » Les philosophes du XVIIIe siècle se réclamaient donc du cartésianisme, en oubliant que le Discours de la méthode avait pour but de prouver scientifiquement l'existence de Dieu. Il n'est pas évident que ces généreux penseurs du temps de Louis XV n'aient pas, eux aussi, abouti à un résultat très différent de celui qu'ils escomptaient ! Au surplus, il y a lieu de diviser cette école philosophique en deux périodes, d'observer une gradation dans le progrès des « lumières ». Jusqu'à 1750, Montesquieu est le chef de file. Si les Lettres persanes sont une plaisante satire des institutions, les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains (1734) et L'Esprit des Lois (1748) n'ont rien de très subversif : ils prônent la suppression de certains abus et l'institution d'une monarchie parlementaire, calquée sur celle des Anglais.

À la même époque, les opinions de Voltaire ne sont guère plus avancées : il ne cessera pas d'être monarchiste, mais deviendra athée et combattra principalement l'Église. Pour l'heure, il se veut poète et dramaturge et, comme Racine, il assume consciencieusement le fructueux emploi d'historiographe du roi. Ce n'est qu'en 1751, à partir de la publication du premier tome de l'Encyclopédie que la monarchie sera constamment battue en brèche par l'intelligentsia. Sur ce point capital, Mme de Pompadour s'était trompée ; elle avait conseillé à Louis XV de protéger les gens de lettres, en lui rappelant que c'étaient eux qui avaient décerné l'épithète de Grand à son bisaïeul. Mais les gens de lettres l'avaient trahie ; ils aboyaient avec les loups. Louis XV n'aperçut pas la marée montante, ou dédaigna. « En ce pays-ci », il était de bon ton de railler la Ville, c'est-à-dire les salons. Chez Mme Geoffrin, ou Mme du Deffand, chez d'Holbach, Helvétius ou Mlle de Lespinasse, on « philosophait » à perdre haleine, mais surtout on badinait sur les choses les plus graves, on démolissait, à coups de traits



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