Les luttes de classe en France by Karl Marx

Les luttes de classe en France by Karl Marx

Auteur:Karl Marx [Marx, Karl]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1850-01-01T00:00:00+00:00


Ainsi, la République constitutionnelle, sortie des mains des républicains bourgeois en tant que formule idéologique creuse, devient dans les mains des royalistes coalisés une forme vivante et riche de contenu. Et Thiers disait plus vrai qu'il ne pensait quand il déclarait : “ C'est nous, les royalistes, qui sommes les vrais soutiens de la République constitutionnelle. ”

Le renversement du ministère de coalition, l'avènement du ministère des commis a une seconde signification. Son ministre des Finances s'appelait Fould. Fould, ministre des Finances, c'est l'abandon officiel de la richesse nationale française à la Bourse, c'est l'administration de la fortune publique par la Bourse et dans l'intérêt de la Bourse. Par la nomination de Fould, l'aristocratie financière annonçait sa restauration dans le Moniteur. Cette restauration complétait nécessairement les autres qui constituent autant d'anneaux de la chaîne de la République constitutionnelle.

Louis-Philippe n'avait jamais osé faire d'un véritable loup-cervier * un ministre des Finances. De même que sa royauté était le nom idéal pour la domination de la haute bourgeoisie, les intérêts privilégiés devaient dans ses ministères porter des noms d'une idéologie désintéressée. La République bourgeoise poussa partout au premier plan ce que les diverses monarchies, légitimiste comme orléaniste, tenaient caché à l'arrière-plan. Elle fit descendre sur la terre ce que celles-ci avaient divinisé. Elle mit les noms propres bourgeois des intérêts de classe dominants à la place de leurs noms de saints.

Toute notre exposition a montré que la République, dès le premier jour de son existence, n'a pas renversé, mais, au contraire, constitué l'aristocratie financière. Mais les concessions qu'on lui faisait étaient un destin auquel on se soumettait sans qu'on veuille le faire naître. Avec Fould, l'initiative gouvernementale revint à l'aristocratie financière.

On se demandera comment la bourgeoisie coalisée pouvait supporter et tolérer la domination de la finance qui, sous Louis-Philippe, reposait sur l'exclusion ou la subordination des autres fractions bourgeoises ?

La réponse est simple.

D'abord, l'aristocratie financière constitue elle-même une partie d'une importance prépondérante de la coalition royaliste dont le pouvoir gouvernemental commun se nomme République. Les coryphées et les compétences des orléanistes ne sont-ils point les anciens alliés et complices de l'aristocratie financière ? N'est-elle pas elle-même la phalange dorée de l'orléanisme ? En ce qui concerne les légitimistes, déjà sous Louis-Philippe ils avaient été dans la pratique de toutes les orgies de spéculation boursières, minières et ferroviaires. Enfin, l'union de la grande propriété foncière avec la haute finance est un fait normal. A preuve l'Angleterre, à preuve l'Autriche même.

Dans un pays comme la France où la grandeur de la production nationale est démesurément inférieure à la grandeur de la dette nationale, où la rente de l'État constitue l'objet le plus important de la spéculation, et où la Bourse forme le marché principal pour le placement du capital qui veut s'investir de façon improductive, dans un pays de ce genre il faut qu'une masse innombrable de gens de toutes les classes bourgeoises ou semi-bourgeoises participent à la dette publique, au jeu de la Bourse, à la finance. Tous ces participants subalternes ne trouvent-ils pas



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