Les secrets de Versailles by Pascal Torres

Auteur:Pascal Torres [Torres, Pascal]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, Histoire de France, nouveaux
ISBN: 9782311008869
Éditeur: Vuibert
Publié: 2015-08-09T16:00:00+00:00

J’avais désiré d’être environné des représentants de la Nation, et de pouvoir profiter de leurs conseils au moment où je recevrais M. de La Fayette ; mais il est venu avant vous, et il ne me reste plus rien à vous dire, sinon que je n’ai point eu l’intention de partir, et que je ne m’éloignerai jamais de l’Assemblée nationale.

En cette fin de journée la Garde nationale parisienne campait sur ses positions devant les grilles du château. Pour éviter toute nouvelle violence, on avait donné ordre aux Gardes du corps d’abandonner la cour des Ministres et de se porter en faction sur la terrasse, côté jardin, devant l’appartement de la reine. On n’autorisa pas les Gardes à regagner leur caserne en ville. Le mouvement de leur troupe aurait suscité de nouvelles émeutes. On envoya le gros des Gardes du corps – tous ceux qui n’étaient pas en faction – à Trianon pour y passer la nuit.

Les bataillons de La Fayette qui n’étaient pas affectés au service de sûreté prirent aussi leur repos dans Versailles, s’installant dans les églises de Saint-Louis, de Notre-Dame, aux Récollets, à l’hôtel des Fermes, ainsi que dans l’hôtel des Gardes du corps où seize d’entre eux, qui y étaient demeurés en service, accueillirent à bras ouverts la Garde nationale parisienne.

La séance nocturne reprit à l’Assemblée nationale sous la présidence de Mounier, soucieux de maintenir les députés en éveil jusqu’à ce que le calme revienne en ville. Vers trois heures du matin, La Fayette réapparut à l’Assemblée pour donner aux députés l’assurance que l’ordre était revenu dans Versailles, la Garde nationale parisienne ayant pris position devant les grilles du château, devant l’Assemblée, sur la place d’Armes et patrouillant en ville. Le président renvoya alors la séance au lendemain matin à onze heures.

Afin de garantir le calme, La Fayette alla trouver le capitaine des Gardes du corps pour l’informer que leur hôtel accueillait pour la nuit des hommes de la Garde nationale parisienne et que les Gardes du corps ne devraient plus paraître en ville avant le lendemain. On replia aussitôt le gros des Gardes de Trianon vers leur caserne de Rambouillet.

La Fayette retourna au château pour rendre compte au roi de la situation. Louis XVI, convaincu du retour au calme et confiant dans l’autorité militaire qu’incarnait La Fayette, dormait. Avant de s’aliter, le roi avait annoté sur son mémento, où chaque soir il inscrivait les faits marquants de sa journée : « Lundi 5. – Tiré à la porte de Châtillon ; tué 81 pièces. Interrompu par les événemens. Aller et revenir à cheval. »

Le général repartit pour une dernière inspection de la ville et de ses troupes. Il put constater que le calme était revenu dans l’Assemblée et dans les rues, malgré les Parisiens qui bivouaquaient sur la place d’Armes. La Fayette se rendit chez le ministre des Affaires étrangères de Louis XVI, M. de Montmorin, pour faire le point sur les événements du jour. À cinq heures, il regagna l’hôtel de Noailles, propriété de son

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