La Guerre perdue de 1940 by Stéphany

La Guerre perdue de 1940 by Stéphany

Auteur:Stéphany
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 330789
Éditeur: Ixelles Editions
Publié: 2013-05-02T00:00:00+00:00


La dernière rencontre

Le 13 juin, Winston Churchill se rendit en France pour la cinquième fois depuis le 16 mai. C’était aussi la dernière ; plus de quatre ans allaient s’écouler avant qu’il y revienne. L’aérodrome de Tours portait les traces d’un bombardement récent. Personne n’attendait les Anglais. Ils empruntèrent au commandant du poste un véhicule de service et gagnèrent la ville, à la recherche de la préfecture, où devait se tenir la réunion ; les rues étaient encombrées de voitures, la plupart pleines de bagages. Reynaud n’était pas là, Mandel n’était pas arrivé. Il était près de 14 heures. Churchill avait faim. Ils repartirent en ville où tout était fermé. Un café consentit enfin, après avoir parlementé, à leur servir une omelette insipide. Paul Baudouin, dont l’influence autour de Pétain grandissait de jour en jour, les retrouva comme ils sortaient de table. « Il se mit à parler, se souvient Churchill, d’une manière suave et doucereuse, de la vanité de la résistance française. Il faudrait au moins que les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne pour que la France puisse continuer à se battre. »

Tous regagnèrent la préfecture, où les attendait Georges Mandel, le ministre de l’Intérieur, qui siégeait dans le bureau du préfet et qui lui du moins était décidé à poursuivre la lutte jusqu’au bout. « L’appétissant poulet qu’on lui avait servi pour le déjeuner était encore devant lui, intact, nota Churchill avec une pointe d’envie. Un téléphone dans chaque main, il ne cessait de donner des ordres, de prendre des décisions. »

Reynaud arriva enfin, puis Weygand, alors que le président de la République et les ministres, surpris, attendaient à Cangé. Rencontre capitale, question essentielle enfin ouvertement posée par le chef du gouvernement. Reynaud est mis sous pression par plusieurs de ses conseillers qui approuvent l’action du Maréchal ; sa compagne « harcèle chacun en faveur de l’armistice », dira Jeanneney. Lui qui s’oppose à cette position doit demander à Churchill quelle serait l’attitude de la Grande-Bretagne si, en dépit des engagements antérieurs, la France se retirait du champ de bataille commun. « La Grande-Bretagne, dit Churchill, quoi qu’il arrive, se battra jusqu’au bout. La cause de la France sera toujours chère à la Grande-Bretagne, et si celle-ci triomphe, elle rétablira la France dans sa grandeur. » Excellent, comme toujours, dans le discours du dernier quart d’heure, il exalta le rôle que pourrait encore jouer la France promise au rôle enviable de tombeau de la Wehrmacht.

Reynaud, resté sur terre, revint à la question de l’accord et de la réponse anglaise. Churchill et ses compagnons descendirent au jardin pour en parler en tête à tête. Ils revinrent une demi-heure plus tard. Certes, on ne pouvait renoncer au principe d’un pacte qui engageait l’honneur, mais si la chose se produisait, l’Angleterre se garderait de récriminations inutiles. Il était entendu que la flotte française, dont il allait être beaucoup question dans les jours à venir, ne pourrait en aucun cas être remise à l’ennemi ; son chef, l’amiral Darlan, avait dès le 11 pris à cet égard un engagement solennel et définitif.



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