La grande histoire de la Belgique by Patrick WEBER

Auteur:Patrick WEBER
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2013-01-14T16:00:00+00:00

La nouvelle Belgique

Au terme de longues discussions, le bicaméralisme est adopté ; aux yeux des révolutionnaires, le système unicaméral apparaissait trop dangereux et rappelait les excès de la Terreur en France. En ce qui concerne le cens d’éligibilité, il est très élevé, et le Sénat apparaît donc comme une Chambre réservée aux plus grands propriétaires afin de rassurer les conservateurs. Malgré l’origine insurrectionnelle de la Belgique indépendante, la monarchie paraît de nature à apaiser les craintes des puissances. A l’époque, il n’existe pas de république en Europe, si l’on excepte quelques exemples atypiques comme la Suisse et Saint-Marin. Le souvenir de la France révolutionnaire est encore dans tous les esprits. Mais il reste à trouver celui qui s’imposera. Il existe bien sûr des familles princières en Belgique (les Arenberg, les Ligne ou les Mérode pour ne citer que celles-là), mais il semble plus stratégique de faire appel à un candidat étranger : il s’agit non seulement d’empêcher des querelles intestines, mais aussi de compter sur un appui international. Il va sans dire que les princes d’Orange-Nassau sont exclus à perpétuité de la succession à la couronne belge ; le 3 février 1831, le Congrès belge désigne donc le duc de Nemours, un des fils de Louis-Philippe, pour monter sur le trône. Prudemment, le roi des Français refuse : lui-même a été porté sur son trône à la faveur d’une révolution et il craint que cette nomination ne provoque une levée de boucliers de la part des autres puissances, toujours méfiantes envers la France. Des possibilités inattendues sont envisagées, comme celle du duc de Reichstadt, le propre fils de Napoléon Ier et de l’impératrice d’origine autrichienne Marie-Louise. Finalement un profil beaucoup plus consensuel se présente : le prince en question offre l’avantage d’être anglais et aussi d’être bien vu par la France. Bref, un compromis qui correspond bien à ce que sera la politique de la Belgique indépendante. Entre-temps, suite au refus français, le Congrès national a élu Surlet de Chokier comme régent. Ce Liégeois s’est distingué par son opposition au régime hollandais et a même glané le surnom de « Surlet le Choquant » par ses prises de position antiorangistes. Malgré les tâtonnements, la Belgique indépendante est bel et bien devenue une réalité. Ce pays, jusque-là sans nation et englobant, dans les grandes lignes, les anciens Pays-Bas du Sud accompagnés de l’ancienne principauté de Liège, est né. Et pour la deuxième fois après l’expérience malheureuse des éphémères Etats belgiques unis, il n’aura pas à subir la tutelle d’une puissance étrangère.

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