Franklin D. Roosevelt by Yves-Marie Péréon

Franklin D. Roosevelt by Yves-Marie Péréon

Auteur:Yves-Marie Péréon
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2012-08-14T16:00:00+00:00


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Parmi les livres les plus anciens de la bibliothèque se trouve une vieille Bible de famille imprimée à Amsterdam en 1686. C’est elle que Roosevelt choisit pour prêter serment lors de ses quatre cérémonies d’investiture. Il donne à ce rite civique une signification spirituelle. Son maître de Groton, Endicott Peabody, préside un office religieux qui rassemble, à St. John’s Church, sa famille et les membres de son cabinet, sans distinction de confession. Peabody meurt en 1944, mais le président le cite avec respect et affection lors de sa quatrième investiture, en janvier 1945. Dans ses discours, les références scripturaires ne sont pas rares, ainsi lorsqu’il dénonce avec force les « marchands du Temple » ; pendant la guerre, il conclut souvent ses messages les plus solennels par une prière, qu’il compose parfois lui-même, comme celle du 6 juin 1944.

Roosevelt n’est pourtant pas un chrétien conventionnel. Dans l’Amérique des années 1930, nombreux sont ceux qui regrettent qu’il ne se rende pas à l’église tous les dimanches. Sa décision de mettre un terme à la Prohibition déplaît aux milieux protestants qui en sont les ardents défenseurs ; on le sait fumeur et amateur de cocktails. Sa liaison avec Lucy n’est pas connue, mais on déplore les nombreux divorces de ses enfants, et peut-être plus encore qu’il ne semble pas leur en tenir rigueur. Pourtant, le président se définit lui-même comme « un chrétien et un démocrate, c’est tout369 ». Frances Perkins explique l’irrégularité de sa pratique dominicale par un souci de discrétion : « Cela m’ennuie de me sentir comme un animal de zoo regardé par tous les touristes de Washington quand je vais à l’église370. » L’excuse est commode – avant d’être élu président, Roosevelt ne se distinguait pas par sa dévotion –, mais elle n’est pas dénuée de sincérité : il aurait en effet tout intérêt à afficher davantage ses convictions religieuses aux yeux de ces touristes qui sont autant d’électeurs. De plus, comme au sujet de son engagement auprès des patients de Warm Springs, il reste très discret sur son rôle de marguillier de l’église St. James, à Hyde Park. Cette responsabilité, qu’il exerce de 1906 à 1945, lui tient particulièrement à cœur371 : il correspond très régulièrement avec le prêtre et les membres du conseil paroissial ; il assiste, quand il le peut, à leurs réunions. L’entretien de l’édifice, les finances de la communauté – il se charge personnellement de les investir en war bonds – ou le remplacement de ses desservants semblent l’intéresser davantage que les subtilités de la théologie. De ce point de vue, l’attitude du chrétien n’est pas sans rappeler celle de l’inventeur du New Deal : il manie avec aisance la rhétorique familière aux croyants, mais il préfère l’action concrète, triviale aux yeux de certains, à la spéculation intellectuelle.

Eleanor assure un jour à Frances Perkins que son mari est « un chrétien très simple372 ». L’épithète sied pourtant mal à cet homme si secret. Pour autant que l’on puisse en juger à partir de rares confidences, les jours qui ont suivi son attaque de paralysie ont mis sa foi à l’épreuve.



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