Le Festin Rouge by Gav Thorpe

Auteur:Gav Thorpe
La langue: eng
Format: epub, mobi
Publié: 2020-01-16T13:05:59+00:00

CHAPITRE TREIZE

Les pierres-de-sang endormies témoignant de son impuissance, les Gors le croyaient privé de son pouvoir. Mais il les avait éveillées avec le sang de cette créature, et il pouvait parfaitement le refaire. Toute la journée durant, il s’était tourné vers des moyens de substitution – le sang d’une proie morte, son propre fluide vital, aussi faible soit-il –, alors qu’elles avaient peut-être envie du sang de celui qui les avait nourries la première fois.

Il n’avait pas besoin de tuer son adversaire, juste de le blesser pour que son sang coule sur la rune en forme de crâne. Le réveil des pierres-de-sang allait de nouveau faire fuir les Gors et, avec un peu de chance, ils n’auraient pas besoin d’une autre mise en garde. Légèrement galvanisé par ce plan, le peintre fit un pas en avant. Confus par cette manœuvre soudaine, l’homme-bête se tendit. Le peintre se mit à courir et poussa un cri rauque qui résonna sur la roche en tentant d’enfoncer sa lance dans le ventre du Gor.

Son adversaire écarta sa lance et la lui arracha des mains, l’envoyant valdinguer bruyamment sur les pierres. Puis il poussa un grognement et il donna un coup de couteau, qui manqua de peu l’épaule du peintre. Désarmé et engourdi, le peintre recula sur la rune. L’homme-chien le suivit en lui assénant un coup de griffe, qui lui valut une vilaine entaille à la joue droite.

Le peintre trébuchant évita un autre coup de couteau. Il fit un pas chancelant sur la droite dans le but de ramasser son arme, mais le Gor comprit sa manœuvre et bondit sur le côté avant de lui ajouter deux entailles à la cuisse. Haletant, il se dégagea, une main contre sa blessure qui saignait abondamment.

Glissant dans son propre sang, il faillit tomber sur le dos. Il se rattrapa en tendant sa main couverte de sang et roula sur le côté, s’imaginant déjà recevoir un coup de poignard dans le dos.

Mais il se releva, sa jambe et sa main gauches sanguinolentes.

L’homme-bête reculait en jappant. Tout autour du peintre, une lueur familière se propageait tel un feu liquide dans les rigoles de la rune. La lueur grossit, nourrie par le sang qui continuait de couler de sa plaie, et laissa place à une aura vacillante qui recouvrit l’ensemble du cercle de pierres aux veines rougeoyantes.

Il sentit le pouvoir couler en lui, brûler ses artères, ses poumons et son cœur, lui redonner la vigueur dont il manquait tant. Il entendit les grattements de griffe et les bruits de panique des autres Gors qui fuyaient derrière lui. Chacun de ses sens était affûté, lui permettait de percevoir le plus petit souffle du vent sur sa peau, d’entendre le martèlement soutenu du cœur de l’homme-bête, la chaleur diffusée sous ses pieds nus. Il vit les pupilles de son adversaire se dilater, ses oreilles remuer, les veines de son avant-bras et de son cou gonfler en raison de l’afflux soudain de sang. C’était comme si le corps du peintre enflait en même

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