Journal imaginaire by Raoul Vaneigem

Journal imaginaire by Raoul Vaneigem

Auteur:Raoul Vaneigem
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Prospéro's books
Publié: 2014-10-29T16:00:00+00:00


V

L’amour de la femme et de l’enfant

est l’amour du vivant

L’amour de la vie offre au dépassement du vieux monde son point d’appui le plus solide et le plus constant.

*

La part féminine du moi et du monde est aujourd’hui la seule force capable de les sauver l’un et l’autre du désastre.

*

L’émancipation de l’homme est une imposture et une impossibilité tant qu’elle n’implique pas l’émancipation de la femme du joug patriarcal auquel elle a été soumise dès les origines de l’inhumanité. C’est pour l’avoir ignoré, du XIXe au XXe siècle, que l’affranchissement du prolétariat a tourné court.

L’oubli, pour ne pas dire le mépris, de la vie comme valeur humaine fondamentale a permis à des tribuns, à des chefs de faction, à des commissaires du peuple, à des hiérarques politiques et syndicaux de s’emparer du pouvoir, de bureaucratiser le mouvement et de propager un populisme à la dévotion de ces guides suprêmes, de ces pères du peuple, de ces timoniers et autres conducators instaurant la tyrannie et la terreur sous le drapeau des libertés.

La sanglante bouffonnerie où a fini l’idéologie ouvriériste devrait, en retour, mettre en garde contre un corporatisme où le combat des femmes s’enliserait et perdrait sa conscience d’être un début et non une fin. Restaurer la femme dans sa spécificité et dans son statut égalitaire relève d’un engagement nécessaire et insuffisant. Il constitue une revendication particulière à laquelle seul le mouvement d’émancipation de l’être humain donne son sens.

Parce que la plupart des luttes révolutionnaires ont ignoré l’aspiration des femmes à vivre librement, il appartient maintenant à ces libertés spécifiques de traquer et d’éradiquer globalement toutes les formes d’exploitation et de despotisme.

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Que la femme ait été par le passé la proie du mâle outragé et outrageant n’en fait pas pour autant sa future égérie. L’avenir de l’homme et de la femme, c’est l’être humain.

Le corps de la femme, où s’engendre la vie, est la source où nous nous abreuvons sans trêve. Il n’est rien de si dégradé, de si stérile qui ne retrouve sa fertilité à la première soif qu’étanche, toujours autre et la même, son eau originelle.

*

L’homme ne naît ni bon ni mauvais, il est encore à naître. En dépit du nom qu’il se donne, il est loin d’avoir atteint le stade humain de sa prévisible évolution.

Son histoire témoigne davantage de la haine qu’il se porte que de son amour envers soi et les autres. Il a choisi de changer le monde sans se changer lui-même, il continue de transcender en esprit prédateur l’animalité par laquelle il survit et qu’il méprise à défaut de l’avoir jamais dépassée.

Il a sous les yeux cette enfance où l’appropriation du monde se ferait aisément curiosité, connaissance, création. Il n’en a cure. Il lui inculque, avec la loi du plus fort et du plus madré, des mœurs d’esclave.

*

Beauté, jouissance, amour, création, conscience, générosité, gratuité ne sont dans la jungle sociale que l’emballage d’une marchandise coûteuse et sans usage. C’est pourquoi les boutiquiers humanistes donnent du prix à l’enfance.

*

Nous participons d’une civilisation d’extraterrestres où la question a toujours été de savoir s’il y a des hommes sur terre ; afin de les traquer.



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