Les tabous de l'histoire by Marc Ferro

Les tabous de l'histoire by Marc Ferro

Auteur:Marc Ferro [Ferro, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2013-09-20T22:00:00+00:00


Trois questions à résoudre.

À la chronologie commentée sur l’information concernant les faits, confrontons maintenant celle de l’enquête et des témoignages.

Première étape. Lorsque les Blancs sont entrés dans Ekaterinbourg, le 25 juillet, quelques jours après l’exécution, ils trouvent l’affiche placardée le 23 : « Le tsar a été exécuté. Sa femme et son fils ont été mis en lieu sûr. » À la villa Ipatiev qu’ils visitent, des voisins, des officiers, cherchent des souvenirs. Il n’y a pas une trace de sang. En revanche, au bois des Quatre-Frères, on retrouve les vêtements brûlés et notamment une doublure de vêtement avec des diamants qui atteste bien qu’il s’agit des vêtements de la famille impériale. Le capitaine qui était entré le premier dans la maison, Malinovski, a pour adjoint le lieutenant Nametkine. Troublés par ce qu’ils voient dans la villa, qui ne correspond pas à ce qu’ils sont censés imaginer, ils décident de faire un rapport qui figure aux archives, et ils font appel à un juge pour se dessaisir parce qu’ils sont des militaires et que cela ne relève pas de leur compétence. Ce juge, I. Serguéev, est ainsi le premier juge chargé de l’enquête. Or, Serguéev, bientôt interviewé par le New York Herald Tribune, déclare qu’il ne croit pas que toute la famille ait été exécutée. Au moment où il le déclare, celui qui lui a donné les éléments qui lui permettent d’en juger, Nametkine, a été fusillé ainsi que son supérieur, par les Blancs pour incompétence, on ne sait pas pourquoi. Simultanément, les deux SR de gauche, qui au soviet d’Ekaterinbourg avaient poussé à l’exécution de Nicolas II et de sa famille, ont été également exécutés mais par les bolcheviks. Quant à Medvedev, qui avait témoigné, il meurt avant l’autre interrogatoire auquel il devait répondre devant Serguéev. Ce dernier, pour avoir dit qu’il pensait que seul Nicolas II et peut-être deux ou trois personnes avaient été exécutés dans cette maison, est dessaisi par Dieterichs qui nomme à la place le juge Sokolov. On sait que Dieterichs prétend que tout le monde est mort assassiné et, à son tour, Serguéev est fusillé par les Blancs. Ainsi ceux qui ont émis des doutes sur la mort de toute la famille ainsi que Rotsinki et Sakovitch, les deux SR de gauche qui ont hâté l’exécution, sont déjà morts, les uns exécutés par les Blancs, les autres par les Rouges. Côté blanc, c’est Sokolov désormais qui prend l’affaire en main.

Or il se trouve que le contre-espionnage menait une enquête parallèle, comme il arrive souvent des services qui se concurrencent. Au nom du contre-espionnage, c’est le colonel Kirsta qui dirige l’opération et qui découvre à Perm, c’est-à-dire à deux cents kilomètres à l’ouest, entre Ekaterinbourg et Moscou, là où les Rouges se repliaient, que la famille y a été transportée. Sauf le tsar. Il dispose de témoignages sur cette affaire une fois que la ville est occupée par les Blancs et pour l’avoir signifié il est dessaisi à son tour et écarté en faveur de Sokolov, le 13 décembre 1918.



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