Goethe by Joël Schmidt

Auteur:Joël Schmidt [epub_NameAuthorFileAs]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2014-09-24T22:00:00+00:00

GOETHE EN GUERRE CONTRE LA FRANCE : VALMY

Au début de l'année 1792, le théâtre de Weimar donne une représentation du Don Juan de Mozart et aussi de la pièce Don Carlos de Schiller. Puis Goethe revient à ses travaux scientifiques sur l'optique, sur la métamorphose des plantes. C'est pourquoi il accepte de rester à la cour de Weimar où on lui laisse toute latitude pour ce genre de travaux. Mais la guerre entre la France et la première coalition austro-prussienne en avril 1792 le rattrape et Goethe est appelé comme il l'écrit dans les Annales « sur le champ des opérations militaires », cette fois pour assister à des scènes plus sérieuses. Il rejoint rapidement Longwy, en passant par Francfort, Trèves et le Luxembourg. La pensée de Christiane Vulpius ne le quittera pas au cours de ces pérégrinations guerrières et il lui écrira de nombreuses lettres pour la rassurer, lui donner quelques détails sur la vie dans les camps, lui expliquer les difficultés stratégiques que rencontrent les armées, celle de Prusse et celle de Saxe. D'une manière plus générale il relatera sa présence dans le conflit dans Campagne de France. Car Goethe, toujours prêt à connaître de nouvelles sensations, ignore ce qu'est la guerre. Il n'est pas pleutre, il est sans doute assez poète pour être inconscient des dangers qu'il court. Son intérêt pour toutes les nouveautés, quelles qu'elles soient, dépasse toujours ses craintes.

Pour la première fois, sur son chemin il croise les émigrés français, nobles en grande majorité et chevaliers de Saint-Louis, la plupart dans la misère, mais ayant amené avec eux leurs carrosses, leurs livrées, leurs femmes, enfants et maîtresses. Il leur trouve tristes figures, et admet volontiers que ce n'est pas cette armée en exil qui rétablira Louis XVI dans ses prérogatives anciennes et démodées.

Le 27 août 1792, il arrive au camp de Brocourt où il trouve le régiment du duc de Weimar. Auparavant il est passé non loin de Longwy, occupée par les Français, dont la reddition a été acquise grâce aux exilés royalistes français qui ont formé une armée de l'émigration. Il commence à comprendre la situation de guerre civile endémique dans laquelle doivent vivre les Français. Il entend parler du duc de Brunswick, considéré comme l'un des plus grands stratèges de la Prusse, et frère de la duchesse mère Anne-Amélie de Saxe-Weimar.

Dans une auberge, en compagnie d'autres militaires, il boit à la santé du duc de Saxe-Weimar et de son fils, le prince Karl Bernhard, qui vient de naître en mai 1792. La vie de camp se passe dans une atmosphère fort mondaine qui semble très éloignée de la guerre toute proche.

Avec tout un cortège militaire, il s'enfonce en territoire français, observe l'abbaye de Châtillon saccagée par les révolutionnaires, et aperçoit le roi de Prusse, Frédéric Guillaume II, et un peu plus tard le duc de Brunswick, suivis de nombreux soldats. Il remarque, ce qu'on ignore généralement, nous les Français, que les émigrés réquisitionnent sans vergogne les paysans français en leur assurant que Louis XVI les remboursera ! Ce qui a pour effet de mettre ceux-ci en fureur.

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