Bouquiner by Annie François

Bouquiner by Annie François

Auteur:Annie François [François, Annie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-12-10T21:10:19+00:00


Rangement

Forte de ces exercices de poids et haltères, usuels et dictionnaires, le muscle affermi, l’esprit éveillé à la performance sportive, j’envisage parfois de ranger mes piles et entassements. Mais je cumule les handicaps. Car il y a des gens qui savent ranger ou s’en donnent les moyens. Pas moi. Et puis si François, je le reconnais volontiers, s’est attribué la part du lion dans la répartition de nos surfaces utiles, j’ai la portion congrue. Autant sa bibliothèque est ramassée en un même lieu, autant la mienne est dispersée sur tous les niveaux. Je lis au lit (au deuxième étage). Or la littérature française, les manuels et livres de voyage sont au troisième dans mon bureau saturé (les livres de jardinage et de botanique, sur la plinthe côté terrasse – quinze livres pour neuf mètres carrés plantés sur le seul pourtour). La littérature étrangère, les essais, et le gros des cartons non ouverts, sur la mezzanine du premier, avec les romans policiers (derrière le lit d’ami – appelé aussi « lit de douleur » par celui de nous deux qui se l’approprie pour tousser ou bouder). Les livres de cuisine sont au rez-de-chaussée, sur les étagères en portique qui nous servent de vaisselier (le vaisselier est dévolu aux verres et au linge de table). Les quelques livres de musique près de la chaîne. Les poches sur la photo occupent le petit meuble tournant.

C’est dispersé, mais finalement bel et bon. A cela près que, devant dévaler ou remonter les escaliers les bras chargés de bouquins, l’exercice tient de la brimade des Bat’ d’Af. En fait, tout le problème tient aux livres dispersés échappant à cette dispersion. A part le tas-du-lit, après lecture, les livres devant monter ou descendre encombrent les marches de l’escalier le plus proche. Mon raidillon du bureau en est dangereusement étréci et le palier près de la penderie annexé de manière définitive. Les livres encombrent les chaises, le dessous et le dessus des meubles. Même la salle de bains n’est pas épargnée. C’est là que je repose l’ouvrage que j’ai lu pendant mes périodes d’endormissement difficile, d’interlude de sommeil ou de réveil précoce.

Il suffirait d’un rien de discipline, d’une petite corvée hebdomadaire, mais il y a toujours mieux à faire. Lire par exemple. De temps en temps, je pique ma crise de rangement. Je demande à François de commander des éléments Matéric. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, après réception, les étagères cerclées attendent pendant des mois d’être assemblées. A ma décharge, je précise que, sur les bibliothèques, seul l’espace en hauteur est désormais accessible et que je suis sujette au vertige. C’est venu avec l’âge et ça me prend par surprise. Autrefois, je courais sur la crête des remparts de Nauplie. Hier, dans la forêt de Fontainebleau, je suis restée pétrifiée sur un rocher pas plus haut que trois petites pommes assises. Aujourd’hui, je n’ose plus monter sur un escabeau (mais je suis capable de me jucher sur un fauteuil pivotant à roulettes pour bricoler une tringle à rideau dans mon bureau du troisième).



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