Sur quoi repose le monde by Kathleen Dean Moore

Sur quoi repose le monde by Kathleen Dean Moore

Auteur:Kathleen Dean Moore
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallmeister


OÙ DEVRAIS-JE VIVRE, ET POUR QUOI JE DEVRAIS VIVRE

NOTRE PETITE MAISON, bâtie sur un terrain de cinq cents mètres carrés, entouré d’une haie de lauriers, est tout près de l’université. Frank et moi allons au travail à pied ; le trajet nous prend huit minutes. Jour et nuit, j’entends la pompe de la cascade artificielle de ma voisine, dont le bruit couvre même celui de la pluie sur mon propre toit. La fenêtre de sa chambre est à trois mètres de la mienne, et quand elle fait tourner son sèche-linge, je respire l’odeur de l’assouplissant pendant des heures. Parfois, je sors par la fenêtre et je grimpe sur le toit-terrasse pour dormir sous l’absence des étoiles dans la lueur rose provenant des serres du campus – pour une raison absurde, probablement toxique. Quand je regarde de l’autre côté de la cour, je peux compter les pages du livre que ma voisine lit sous sa lampe à l’abat-jour en cuir de vache mouchetée.

Je voudrais vivre dans une maison où je peux observer des coyotes par la fenêtre, une petite maison en bois de cèdre avec des baies vitrées se reflétant dans une eau radieuse qui sent le genévrier et la neige fondue. Un endroit si loin de tout que je ne verrais aucune lumière provenant des autres habitations, et si près des étoiles que les constellations disparaîtraient dans des nuages de lumière d’étoiles. Un endroit où le murmure du tarin des pins me réveillerait le matin et où des mésanges à tête noire se poseraient sur ma main. Dans la journée, pendant que je travaillerais, cet endroit chanterait à mon oreille et j’écrirais à la main ses paroles et sa sagesse. Le soir, ma famille viendrait s’asseoir près d’un petit feu et lèverait la tête en souriant doucement quand nos coyotes hurleraient ou que des grues migratrices voleraient dans le ciel en trompetant. Toute ma vie, j’ai rêvé de vivre dans cette maison.

Je suis une naturaliste, nom d’un chien. Depuis Thoreau, les auteurs naturalistes se sont installés dans les bois, délibérément, pour découvrir ce qu’ils ont à nous apprendre. Je connais une naturaliste par exemple qui vit dans une forêt de sapins-ciguë au bord de la baie de Thimbleberry, où des baleines à bosse soufflent des nuages de vapeur d’eau et où l’air salé est si épais qu’il brille dans ses cheveux. Je connais un naturaliste qui vit sur les berges d’une rivière à saumon dans les chaînes côtières du Pacifique et qui, de sa fenêtre, voit la cime d’un sapin de Douglas. Un autre vit dans une maison sur pilotis au-dessus de l’eau. La maison au bout du monde, de Henry Beston. La maison aux longs pieds, de Wendell Berry. Une hutte à soi. La Cabane de William P. Young. Listening Point, le refuge de Sigurd F. Olson. La caravane à la lisière du parc national des Arches, le poste de surveillance des incendies de l’US Forest Service. Sur la falaise d’un canyon rouge, au bord de la Blackfoot River,



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