Sachez que nous sommes toujours là by Esther Safran-Foer

Sachez que nous sommes toujours là by Esther Safran-Foer

Auteur:Esther Safran-Foer [Safran-Foer, Esther]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Américaine
Éditeur: Les escales
Publié: 2022-01-14T00:00:00+00:00


Les détails du meurtre de masse des Juifs de Tchetvertnia ont fait l’objet d’une riche documentation par Yahad-In Unum, une association fondée en 2004 et dirigée par le père Patrick Desbois, un prêtre catholique français qui a consacré sa vie à la chronique de ces massacres, rassemblant des preuves et des témoignages directs.

Yahad estime qu’entre 1,5 et 2 millions de Juifs furent assassinés par balles durant la Shoah. Personne ne connaît le nombre exact et nous ne le connaîtrons sans doute jamais, car il y eut peu de survivants. Ces chiffres s’appuient sur les interviews de témoins et le travail effectué par des équipes de police scientifique sur le site des charniers. Yahad-In Unum, qui signifie « ensemble » et « en un seul » en hébreu et latin, a pour vocation le repérage et l’analyse complète des charniers de victimes juives des unités de police militarisées – les Einsatzgruppen – dans les anciennes républiques soviétiques. Les travaux du père Dubois ont été approuvés par le pape, reconnus et encouragés par le président de la République française et soutenus par l’Europe et les États-Unis.

Des témoins ont déclaré à l’équipe de Yahad qu’il y avait environ 120 Juifs dans le ghetto de Tchetvertnia, parmi lesquels les habitants de Tchetvertnia, de Lychtche et d’autres villages. Les Allemands sont arrivés au village fin juin ou début juillet 1941 et ils ont forcé les Juifs à porter un insigne jaune, sans doute l’étoile de David. En décembre 1941, tous les Juifs de Tchetvertnia et des villages alentour furent confinés dans un ghetto fermé par des barbelés et ils durent effectuer d’éprouvants travaux forcés.

Le ghetto fut liquidé le 10 octobre 1942, deux mois après le meurtre des Juifs de Trochenbrod et de Kolki. Fanya m’a dit qu’ils étaient au courant de ce qui s’était passé à Trochenbrod, mais qu’ils croyaient, ou du moins espéraient, qu’ils seraient épargnés parce qu’on les avait mis aux travaux forcés, qui consistaient principalement en un travail agricole, et qu’ils étaient dans un ghetto rural isolé.

Comment mon père et Fanya ont-ils échappé à la mort ? lui ai-je demandé. Même si je connaissais la réponse, en tout cas une partie de la réponse, je savais que, en posant une même question à plusieurs personnes, je réussissais souvent à glaner de nouveaux détails.

Fanya m’a dit qu’il n’y avait que trois survivants du ghetto : mon père, Srulach Zilberfarb et elle. J’avais entendu des bribes d’histoire et je savais que mon père était accompagné d’une autre personne mais, à l’époque, je n’avais encore jamais entendu le nom de Srulach Zilberfarb. Je savais que mon père et Srulach avaient été envoyés en mission par les nazis quand on avait emmené les Juifs au bord d’une fosse pour les abattre. Fanya me raconta que, le matin du meurtre de masse, sa mère avait vu des soldats prendre position dans la rue et qu’elle avait senti qu’il se préparait quelque chose de terrible. Elle avait convaincu Fanya de se cacher dans le canapé, ce qui voulait sans doute dire sous les coussins.



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