Et c'est ainsi que nous vivrons by Douglas Kennedy

Auteur:Douglas Kennedy [Kennedy, Douglas]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, États-Unis, Anticipation, Thriller
ISBN: 9782714499493
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2023-05-31T22:00:00+00:00

Par acquit de conscience, je mentionne l’idée du sniper lors de ma conversation du lendemain avec Breimer. Et, comme je m’y attendais, il est de mon avis.

« C’est exactement le genre de bavure que veut nous faire commettre l’Agence de contrôle. Si on fait abattre CS sur ce qui relève de fait de notre juridiction, je crains qu’ils n’aillent crier sur tous les toits qu’elle était ta demi-sœur, Stengel.

— Alors que si on l’élimine de leur côté… ?

— Ils ne voudront sans doute pas attirer l’attention sur les problèmes de sécurité qui nous auront permis de pénétrer dans leur secteur. Bref, tant qu’elle reste dans le bureau des visas, on est coincés.

— À moins de parvenir à lui faire traverser la frontière », dis-je.

Pendant une semaine, Savage et moi nous retrouvons tous les jours au bar souterrain pour échanger des idées sur la manière d’attirer CS sur notre territoire, mais sans rien trouver de probant. Et puis, lors d’un de ces rendez-vous, alors qu’on est en train de se décider à envisager la piste du tueur kamikaze, la montre Chadwick de Savage se met à vibrer. Nous échangeons un rapide regard tendu : c’est le signal d’une alerte rouge. Savage effleure l’écran et place son bras de façon que je puisse voir en même temps que lui ce que lui transmet le Système. Comme je m’y attendais, c’est une vidéo en direct de CS, postée devant le bureau des visas, son arme en bandoulière, une cigarette aux lèvres. Je serre la mâchoire. À côté de moi, je sens que Savage aussi s’efforce de contenir sa colère. Pas la peine de tomber dans le même piège que LaPrelle.

« Oh, merde », dis-je soudain.

CS vient de lever son arme vers le ciel et de tirer deux coups. Alors que Savage pousse un juron, je pianote à toute vitesse sur ma montre afin d’entrer en contact avec la puce du capitaine de la garde du No Man’s Land.

« Ordonnez aux snipers postés à la frontière de la mettre en joue », lui dis-je.

C’est alors que, sur l’écran devant nous, une masse sombre tombe du ciel. Un pigeon mort, qui va s’écraser sur le toit du bureau des visas.

« On n’a qu’à demander aux snipers de faire quelque chose pour la provoquer, propose Savage. Ensuite, ils n’auront plus qu’à ouvrir le feu. »

Il faut prendre une décision sur-le-champ mais je commets l’erreur d’hésiter.

« Chef, on n’a pas de temps à perdre », siffle-t-il.

Je transmets un nouveau message au capitaine de la garde, lui intimant d’abattre un pigeon juste au-dessus d’elle et de faire feu si elle lève son arme et franchit le périmètre de sécurité.

Je me penche sur la vidéo, imitée par Savage. CS part d’un grand éclat de rire, parfaitement consciente qu’elle est observée. La cigarette brasille toujours, coincée entre ses dents. La frontière entre notre territoire et le périmètre du bureau des visas est délimitée par un néon vert. Soudain, une détonation retentit. CS sursaute, puis pointe immédiatement son arme en direction du club de jazz avant de l’orienter vers le poste-frontière, sur le qui-vive.

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