Néfertiti by Jacq Christian

Auteur:Jacq Christian [Jacq Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: historique
ISBN: 9782845636194
Éditeur: XO Editions
Publié: 2013-09-30T22:00:00+00:00

— 42 —

Serrant le trésor contre sa poitrine, Bek peinait à contenir l’émotion qui l’avait étreint pendant le voyage. Un trajet interminable, tant il désirait parler au roi toutes affaires cessantes.

Akhénaton et Néfertiti consultaient les rapports des vizirs du Nord et du Sud, affirmant que l’économie du pays ne présentait pas de signe de faiblesse et que la totalité des provinces avait contribué à la construction de la nouvelle capitale.

— Bek, enfin ! s’exclama le monarque ; où en sont les travaux ?

— Majesté…

L’artisan s’agenouilla en présentant le coffret.

— Que m’apportes-tu ?

— La brique de fondation de votre capitale.

Akhénaton frémit.

— Cela signifie-t-il… qu’elle est bâtie ?

— Nous attendons votre venue pour l’inaugurer.

Tendu, le roi ouvrit le coffret ; à l’intérieur, une brique moulée à la perfection. Néfertiti éprouva un sentiment d’une rare intensité ; à lui seul, ce modeste objet symbolisait le destin du règne.

— Les palais, les temples, les villas, les maisons des artisans, les jardins… Tout serait-il achevé ?

Bek hocha la tête.

Akhénaton se leva et fit quelques pas, face au soleil qui perçait encore des nuages porteurs d’un orage imminent.

— Aton m’a permis de réaliser l’impossible… Je saurai honorer sa toute-puissance !

La reine le rejoignit.

— J’organise notre départ, décréta-t-elle.

♦

Malgré le caractère inéluctable de la décision, Ay eut l’impression que le plafond du palais lui tombait sur la tête. Les ordres de Néfertiti étaient clairs et sans appel : la cour, les administrations et les divers corps de l’État devaient quitter Thèbes pour la nouvelle capitale à partir de laquelle serait gouvernée l’Égypte entière.

Et il fallait exécuter ce décret royal dans les plus brefs délais, à la stupéfaction des hauts fonctionnaires qui, jusqu’à cet instant, n’avaient pas envisagé cette éventualité ! Sous cette contrainte jugée invraisemblable quelques mois auparavant, certains cédèrent à la panique, et l’onde de choc déstabilisa les ministères, habitués à une gestion régulière et paisible.

On alerta le scribe Any en lui signalant les innombrables incidents et les protestations de ses collègues, contraints d’empiler des masses de documents dans des coffres de transport. L’attitude des policiers de Mahou était choquante ; ils traitaient les employés de l’État comme de vulgaires tâcherons et ne leur laissaient pas le temps de respirer.

Irrité, Any empoigna sa canne et demanda à une escouade de jeunes prêtres de le conduire au palais royal. Chaise à porteurs et bateau lui procurèrent un voyage confortable au cours duquel il affûta des arguments incisifs. Nul, pas même le pharaon, n’était autorisé à fomenter de tels troubles ; obligé de sortir de sa réserve, le plus écouté des serviteurs d’Amon exigerait que l’on mît immédiatement fin à cette agitation inacceptable. Et il ne trouverait pas de mots assez durs pour stigmatiser cette attitude inqualifiable de la part des autorités ; les bornes avaient été franchies, une intervention était nécessaire.

Écartant les gardes qui n’osèrent s’interposer, le vieillard furibond gravit les marches du palais avec une belle énergie. Il réclamerait une audience et ne bougerait pas avant d’être reçu.

L’apparition de la reine le figea sur place. Souriante, elle manifesta son bonheur de l’accueillir.

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