L'Oligarchie des Incapables by Sophie Coignard

L'Oligarchie des Incapables by Sophie Coignard

Auteur:Sophie Coignard [Coignard, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Français, Politique
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2011-01-10T23:00:00+00:00


La France est à eux…

2001, c’est donc l’année où Véolia achète la SMA, cette obscure société. C’est aussi celle du triomphe d’Henri Proglio. Jusqu’alors, celui-ci n’apparaît pas en pleine lumière. Il est, depuis dix ans, P-DG de la CGEA, une filiale de la Compagnie générale des eaux spécialisée dans le transport et le traitement des déchets. En 2000, il devient le patron de Vivendi Environnement, né de la séparation par Jean-Marie Messier entre les activités « nobles », regroupées dans Vivendi Universal, et le « canal historique », qui seul survivra.

Henri Proglio, quand il prend le gouvernail, pilote un navire surchargé de dettes, et menacé de prendre l’eau. Il réalise alors un « coup » qui lui vaut le respect de la place. EDF prend une participation de 34 % dans Dalkia, ce qui entraîne, comme l’annonce un communiqué officiel, « une réduction de la dette consolidée de Vivendi Environnement d’environ un milliard d’euros au 31 décembre 20003 ».

Ce milliard est venu indirectement des caisses de l’État, qui possède alors la totalité du capital d’EDF. L’homme qui décide de le dépenser pour sauver Proglio et lui permettre d’envisager l’avenir avec sérénité s’appelle François Roussely. Président d’EDF, cet ancien préfet a été directeur de cabinet de Pierre Joxe à l’Intérieur et à la Défense. Il connaît depuis longtemps un autre ami d’Henri Proglio, le fameux Djouhri. Depuis le temps, disent certains témoins, où le préfet Roussely était directeur général de la police nationale4 et où cet intermédiaire était déjà bien implanté dans les milieux policiers.

« Monsieur Alexandre » joue-t-il un rôle dans cet apport miraculeux ? Impossible de le certifier. Proglio et Djouhri se connaissent depuis 1999. Ils se sont rencontrés lors d’un dîner chez Philippe Faure, un diplomate, ami de Dominique de Villepin, qui est allé faire fortune dans les assurances avant de retourner au Quai d’Orsay. C’est le coup de foudre.

Henri Proglio prend pour son nouveau « frère5 » des initiatives et des risques inconsidérés. Les initiés connaissent l’épisode ahurissant de l’hôtel George-V, en décembre 2004. Ce jour-là, Djouhri est furieux qu’un homme d’affaires tunisien, Mohamed Ajroudi, ait conclu un accord avec Véolia pour monter une société commune au Moyen-Orient, Véolia Middle East. L’intermédiaire est flanqué de Laurent Obadia, un chargé de communication qui figure parmi ses fidèles, et d’Alain Marsaud, un ancien magistrat chargé des dossiers d’« intelligence économique » pour Vivendi. Ces trois-là ruminent leur colère contre le Tunisien, qui refuse de céder gratuitement 20 % de sa participation dans la société en cours de constitution. La journée se termine (mal) dans la chambre : l’homme d’affaires tunisien se fait tabasser par l’ami d’Henri, qui sera condamné pour cette agression6.

À l’intérieur de Véolia, cet épisode mouvementé provoque un certain émoi. D’autant que Djouhri avait déjà obtenu ce qu’il voulait. « Il avait dit à Proglio qu’il ne voulait pas d’Ajroudi dans un deal au Proche-Orient, raconte un salarié de haut niveau qui a géré directement le dossier. Proglio s’était incliné, et avait convaincu Ajroudi de se retirer. Celui-ci avait réclamé un gros dédommagement, ce qui peut se comprendre.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.