Iran, la révolution invisible by Thierry Coville

Iran, la révolution invisible by Thierry Coville

Auteur:Thierry Coville [Coville, Thierry]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions La Découverte
Publié: 2013-09-14T16:00:00+00:00


Émergence des femmes en tant que groupe social actif

Parallèlement, les femmes ont également affirmé progressivement leur existence et réclamé la fin des discriminations à leur encontre.

Les mouvements féministes tirent, aux aussi, leur origine de la mobilisation révolutionnaire. Les jeunes Iraniennes de la fin des années 1970 ont, en effet, transgressé l'ordre patriarcal dominant à l'époque, en participant activement aux manifestations et aux activités des groupes politiques qui ont accompagné la révolution à ses débuts. Les parents, notamment dans les familles traditionnelles, étaient opposés à ce que ces jeunes filles aient des activités politiques échappant au contrôle de la cellule familiale, leur grande crainte étant que ces activités portent atteinte à leur namous (honneur lié à la virginité). Or les jeunes Iraniennes, avides de liberté et souhaitant être de véritables acteurs du changement politique, espéraient en finir avec cette situation. Fait particulièrement important, celles qui ont participé à la révolution considéraient, pour la première fois dans l'histoire de l'Iran populaire, que les hommes et les femmes étaient les éléments d'un même peuple, indépendamment de toute distinction de sexe19 , alors même que la séparation hommes-femmes est une donnée essentielle de la société iranienne. Il n'était pas encore question de mouvement féministe, car les femmes, en tant que groupe social, ne présentaient pas encore de revendications spécifiques. La révolution marquait, cependant, une révolte de leur part contre l'ordre patriarcal et le régime politique, doublée d'une volonté d'agir dans le champ social au même titre que les hommes. De nombreuses jeunes Iraniennes ont trouvé, dans leur action militante, l'occasion de sortir d'un cadre familial étouffant et de s'affirmer socialement. De nombreux conflits ont éclaté à cette occasion avec des pères inquiets de voir leur fille absente du foyer jusqu'à des heures tardives et participer à des activités diverses dans des milieux mixtes. Cette volonté de s'affirmer alliée à un désir de promotion sociale a même conduit certaines jeunes filles, qui venaient, pourtant, de milieux favorisés et avaient bénéficié d'une éducation à l'occidentale, à militer dans les groupes islamiques20 . En outre, des femmes plus âgées ont également participé activement aux manifestations de masse qui ont rythmé le déroulement de la révolution. F. Adelkhah a montré à quel point l'adhésion au mouvement islamique, loin d'avoir été un embrigadement, a souvent été vécue comme une renaissance permettant de mettre fin à la corruption de l'ancien régime, et de devenir acteur de l'histoire21. De nombreuses femmes qui ont participé alors à la révolution faisaient référence à l'islam de A. Shariati, qui est organisé autour de la conviction personnelle et sociale et de l'effort d'interprétation scientifique, rationnelle et logique.

Ce mouvement a connu un très net coup d'arrêt après la révolution. En effet, avec la montée de la répression des autorités islamiques contre les partis de gauche ou les mouvements sécessionnistes (kurdes, turkmènes), le Hezbollah, récemment créé, a commencé à s'attaquer aussi aux femmes non voilées ou mal voilées. Dans le même temps, comme on l'a vu, toute une série de décisions réduisant les droits de la femme ont été prises.



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