KGB by Bernard Lecomte

KGB by Bernard Lecomte

Auteur:Bernard Lecomte [Lecomte, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2020-07-21T11:58:56+00:00


L’humiliation de Yalta

Le dernier exemple de la naïveté occidentale en matière d’espionnage aura été le sommet de Yalta en février 1945. Les circonstances de cette rencontre à trois dans cette station balnéaire de Crimée sont restées dans les livres d’histoire : Roosevelt, Churchill et Staline cherchant une stratégie commune pour hâter la fin de la guerre (les troupes soviétiques ne sont plus qu’à cent kilomètres de Berlin), pour régler le sort de l’Europe (et ponctuellement de la Pologne) après la victoire et, plus important encore, pour garantir collectivement la stabilité du nouvel ordre international.

On a souvent raconté les ruses déployées par Staline – qui est sur son terrain – pour amadouer, attendrir, impressionner ses hôtes. Et pour les rouler dans la farine. On sait depuis longtemps que le palais Vorontsov (où logeait Churchill) et le palais de Livadia (où logeait Roosevelt) étaient truffés de micros, et que tout le personnel mis à la disposition des deux délégations, en majorité féminin, était formé aux techniques de l’espionnage, sous la direction du vice-commissaire du NKVD Sergeï Krouglov. On sait enfin que les réunions de préparation de ce sommet, dans leurs administrations respectives, au département d’État comme au Foreign Office, ont fait l’objet de rapports au Centre d’une rare précision.

On sait moins qu’un des plus proches collaborateurs du président Roosevelt, un diplomate chevronné qui a activement participé aux travaux préparatoires, renseignait depuis dix ans les services secrets soviétiques ! Alger Hiss, nom de code « Ales », puis « Mars », âgé de quarante ans, a permis à Staline, à chaque étape de la conférence, de savoir ce que ses interlocuteurs allaient lui proposer, avec quels objectifs et, surtout, quelles arrière-pensées. Que Staline ait obtenu à peu près tout ce qu’il voulait à Yalta n’est donc pas, pour les historiens, un motif d’étonnement.

Après la conférence de Yalta, Hiss sera nommé secrétaire général par intérim de la conférence d’organisation des Nations unies à San Francisco. On comprend mieux, là encore, comment Staline réussit à convaincre ses interlocuteurs américains de céder à ses arguments les plus audacieux – comme d’attribuer à l’URSS, dans la future ONU, trois sièges au lieu d’un, en comptant ceux de l’Ukraine et de la Biélorussie !

En août 1948, Hiss sera dénoncé par Chambers, qui l’accusera d’avoir fait partie d’un réseau communiste clandestin avant son entrée au département d’État en 1936. Pacifiste prosoviétique, ce fonctionnaire modèle a aussi participé au réseau de fonctionnaires procommunistes gravitant autour de l’économiste Nathan Silvermaster – un groupe d’experts assez brouillon et plutôt divisé, si l’on en croit les historiens du GRU14. Son jugement se tient en 1949, alors que les accusations dont il est l’objet ne sont étayées par aucune preuve et que les faits sont prescrits. Mais à force de nier toute activité d’espionnage, il est condamné à cinq ans de prison pour parjure. Il sera relâché en 1954 et considéré, jusqu’à sa mort en 1996, comme la première victime du maccarthysme. Si les archives du KGB n’ont pas complètement corroboré son activité d’espionnage,



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