L'instinct de mort by Jacques Mesrine

L'instinct de mort by Jacques Mesrine

Auteur:Jacques Mesrine [Mesrine, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Biographie, non lu
Publié: 2011-01-23T23:00:00+00:00


LE CANADA

Dès notre arrivée à Montréal, nous nous étions installés dans un luxueux studio de la rue Sherbrooke. Nous avions une piscine avec sauna en étage. Janou était émerveillée de ce confort à l’américaine. J’avais loué une voiture pour lui faire découvrir une partie de la province du Québec. Devant l’immensité des forêts, la beauté des lacs, la gentillesse des Canadiens, elle se sentait revivre. De mon côté, je ne restais pas insensible à ce renouveau. Sa proposition ne me surprit pas :

— Dis-moi, chéri, si on repartait de zéro… Si on recommençait une vie nouvelle comme tous les autres couples… On est tellement bien, ici !

J’avais souri :

— Tu veux dire… repartir de zéro, avec le passé que je traîne ? Je ne peux pas effacer tout ce que j’ai fait, tu le sais très bien. On ne repart jamais de zéro, on peut seulement changer de route.

— Alors changeons de route. Tu es capable de gagner ta vie dans ton métier, moi aussi je suis capable de travailler. Pense que nous sommes deux… Je t’aime et je voudrais tant avoir une vie normale…, avoir un enfant de toi, sans craindre qu’un jour une balle ou la prison ne nous séparent !

Je l’avais laissée parler. Je lui en reconnaissais le droit. Elle avait fait ses preuves. Je savais que, quoi que je décide, ce serait admis par elle et que de toute façon elle me suivrait. Je voulais demander la nationalité canadienne… Il me faudrait de toute façon prouver que j’avais un emploi. Et puis j’avais besoin de me faire oublier. Depuis mon arrivée, je n’avais même pas pris contact avec les gens que je connaissais. J’avais juste téléphoné à Guido, qui m’avait annoncé que deux de nos amis avaient été arrêtés… La loi reprenait ses droits. Je m’entendis répondre à Janou:

— Pourquoi pas ?

Elle s’était jetée à mon cou. Dès le lendemain, elle avait cherché du travail. Je découvrais une autre femme et son exaltation m’amusait. Il fallut que je me rende à l’évidence : elle voulait faire de moi un homme honnête. Il nous fallut passer à l’immigration pour y remplir des papiers. Le résultat ne se fit pas attendre. On autorisait Janou à rester au Canada, mais on me donnait dix jours pour quitter le territoire canadien. Je n’étais l’objet d’aucun mandat de recherche international, mais mon passé judiciaire leur était connu. On me faisait comprendre que j’étais indésirable. Cela confirmait ce que je savais déjà: on ne refait pas sa vie, elle continue, avec un passé qui refuse tout avenir. Janou en avait été catastrophée. Moi, j’en avais souri, car i j’avais bien l’intention de rester au Canada et d’y travailler. I Même si j’étais pris, il n’y aurait pas motif d’expulsion immédiate, le travail n’étant pas un délit.

Janou s’était trouvé un emploi dans un hôpital de personnes âgées. Elle y était garde-malade. Elle se dévouait de façon admirable. Tous ces petits vieux l’adoraient. Elle gagnait peu, mais se trouvait heureuse. Tout l’amour qu’elle n’avait pas eu se reportait sur ses malades.



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