Les Aiguilles d'or by Michael McDowell

Les Aiguilles d'or by Michael McDowell

Auteur:Michael McDowell [Michael McDowell]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Monsieur Toussaint Louverture
Publié: 2023-10-05T22:00:00+00:00


CHAPITRE 24

Le juge James Stallworth posa son regard de glace sur la salle d’audience, fit signe à l’huissier de se taire et s’installa sans plus perdre de temps à son banc. Il ferma les yeux et attendit patiemment que toute la machinerie qui allait réduire Maggie Kizer en poussière se mette en branle.

Avant, sa condamnation ne se serait avérée qu’utile à la famille Stallworth. Désormais, c’était une nécessité absolue. Le juge ne lui jeta pas un regard, il se souvenait suffisamment d’elle depuis l’inculpation. Il n’avait pas davantage de curiosité envers elle, qui avait su charmer son gendre, qu’il n’avait de scrupule.

On annonça les faits reprochés et le procureur se leva sur ses jambes arquées pour déclarer que le ministère public était prêt à prouver que l’accusée était complice du meurtre qui avait privé un citoyen irréprochable de sa précieuse vie. Durant cette brève harangue de pure forme, Maggie Kizer resta immobile et indifférente aux côtés de son avocat commis d’office.

Plutôt que sur ce préambule, c’est sur elle que le jury porta son intérêt – un intérêt qui s’accompagna de quelques murmures, ricanements, observations à voix basse et roulements d’yeux ; différentes façons d’exprimer la considération qu’ils témoignaient à sa beauté et à son attitude.

Le juge, constatant que le jury ne prêtait pas attention au discours du procureur, pressa ce dernier avec sarcasme : « Oui, oui, la victime est on ne peut plus morte et nous sommes tous inconsolables de la disparition d’une âme aussi inestimable. »

L’avocat de la défense, qui s’était entretenu avec sa cliente pour la première fois dans le petit couloir menant à la salle d’audience un quart d’heure avant d’y être appelé, se contenta d’affirmer qu’elle n’avait rien à voir avec ce terrible crime, qu’elle était une citoyenne intègre en dépit des circonstances défavorables, et qu’on devrait lui témoigner de la compassion pour avoir été forcée d’assister à cet acte abject et incontestablement perpétré par cet évadé de Sing Sing tout aussi abject. Il s’en était fallu de peu que son dernier souffle ne s’échappe de ses précieux poumons ; elle avait dû subir les infâmes calomnies d’une logeuse de mauvaise réputation qui était sans aucun doute de mèche avec le fugitif ; et, enfin, personne ne pouvait décemment regarder la femme assise à ses côtés, si innocente, si distinguée, à la voix si douce, et imaginer qu’elle ait pu lever ne serait-ce qu’un doigt sur qui que ce soit durant le cours de sa brève et malheureuse existence.

« Vous avez sûrement bien jaugé son caractère, remarqua le juge Stallworth, mais il est temps d’entendre le premier témoin à charge. »

Un policier souffrant de strabisme se présenta à la barre, déclina son nom, son adresse, ses états de service au sein de la police, et décrivit la manière dont il avait fait connaissance avec le défunt Cyrus Butterfield, donnant une description aussi minutieuse que colorée de sa découverte du cadavre nu coincé entre deux barriques de morue salée dans une ruelle au niveau de West et Leroy Street, le soir du Nouvel An.



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