Le Noël de toutes les promesses by Mary Balogh

Auteur:Mary Balogh [Balogh, Mary]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2018-12-05T00:00:00+00:00

Sir Albert Hagley n’avait pas prévu de participer au ramassage de verdure. Il était venu à Grenfell Park pour chasser et en voulait aux autres invités d’avoir poussé Randolph à modifier le programme. Il ne reprochait rien à son ami, bien sûr. Comment résister au poids d’une famille comme les Transome ? Son humeur avait encore chuté d’un cran lorsque, après avoir pris son petit déjeuner en solitaire, il était tombé, en sortant de la salle à manger, sur une nuée de bonshommes de neige déboulant de l’extérieur sur les talons de leur hôte. Il avait compris alors qu’il venait de rater une bataille de boules de neige.

Quoi de plus saugrenu qu’une bataille de boules de neige ? Pour ne rien arranger, Mlle Rachel Transome était parmi eux, en train de plaisanter avec Harvey Gullis qui, d’après ce qu’il avait saisi, ne lui était pas apparenté. Dieu qu’elle était appétissante, avec ses joues roses, ses yeux brillants et ses cheveux désordonnés !

Il avait décidé de l’éviter aujourd’hui. Elle avait beau être jolie, pleine de bon sens et aussi attirée par lui qu’il l’était par elle, son père était présent et il devait peser plus de cent kilos. Sans compter tous les autres, qui se précipiteraient pour défendre son honneur, et le fait qu’elle était désormais une cousine par alliance du maître de maison. D’ailleurs, Hagley avait appris à ses dépens ce que l’on pouvait espérer d’une femme de classe inférieure, grâce à une certaine demoiselle Eleanor Transome, devenue comtesse de Falloden.

Par conséquent, il garderait ses distances avec Mlle Rachel Transome, en tout cas le temps d’une journée. Car s’il se permettait de folâtrer avec elle ou tentait une campagne de séduction, ses intentions pouvaient être mal interprétées, et il risquait de se retrouver enchaîné du jour au lendemain à la fille d’un aubergiste.

Mais elle lui sourit en secouant la tête, et il eut l’impression qu’elle rougissait. Plus tard, il se rendrait compte que sa rougeur était surtout due au froid.

Toujours est-il qu’il finit par se joindre à la cueillette dans le parc, se disant, pour justifier ce revirement, qu’il ne pouvait pas rester seul avec toutes les tantes de la comtesse. Elles l’auraient traîné de force jusqu’au grenier et obligé à dégager les poutres des toiles d’araignée. Il préférait encore cueillir du gui.

Bien entendu, il marcha aux côtés de Rachel Transome et bavarda avec elle. Absorbés par leur conversation, ils s’égarèrent parmi les chênes. Il ne prit conscience de leur isolement que quand il redescendit le long d’un tronc noueux et déposa dans sa main tendue le fruit de sa récolte.

Parce qu’ils étaient seuls, parce qu’elle avait un sourire radieux, parce qu’il était un imbécile toujours prêt à commettre une bêtise même quand sa mère et ses sœurs n’étaient pas là pour l’y inciter, il conserva un minuscule brin de gui dans sa main, le leva au-dessus de leurs têtes et déposa un baiser sur les lèvres de la demoiselle.

« Espèce d’idiot ! » se réprimanda-t-il en s’écartant aussitôt. Il n’aurait jamais dû venir.

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