La Nouvelle Dictature Medico-Scientifique by Sylvie Simon

La Nouvelle Dictature Medico-Scientifique by Sylvie Simon

Auteur:Sylvie Simon [Simon, Sylvie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Médecine, Français
Publié: 2010-03-03T22:06:59+00:00


À l’époque, nous avions souhaité que les pouvoirs publics, qui ont été les complices, conscients ou non, d’industriels criminels, changent leur politique de l’autruche et s’entourent de véritables experts au service de la vérité et non de l’argent. C’était un vœu pieu, car les experts français, quel que soit leur domaine de compétence, restent toujours juges et partis.

Dans L’Événement du jeudi du 20 juin 1996, Pierre Vandeginste posait la question : « Sachant que la nocivité de l’amiante a été déterminée en 1906, que son caractère cancérigène a été démontré en 1955 [. .] on ne peut que se demander : comment a-t-on pu faire traîner le dossier aussi longtemps en France, comment a-t-on réussi à se payer notre tête jusqu’à aujourd’hui ? »

Les mesures d’interdiction, annoncées le 3 juillet 1996 par Jacques Barrot, ministre du Travail et des Affaires sociales, ne sont entrées en vigueur qu’en janvier 1997. Le temps d’écouler les stocks comme dans le drame du sang contaminé, ou l’arrêt de produits chimiques mortels, alors que le ministre déclarait qu’on ne pouvait l’accuser de négligence ou d’avoir laissé traîner l’affaire. On se demande ce qui serait arrivé s’il l’avait laissé traîner.

En France, l’aspect économique passe avant la vie humaine. Combien de vies ont-elles encore été perdues à cause de ces six mois d’attente puisque, d’après un rapport de l’Inserm, deux mille personnes au moins meurent chaque année d’un cancer provoqué par l’amiante ? Ce retard dans l’application de l’interdiction a donc dû, logiquement, tuer au moins mille personnes ! Et pendant que l’on rédigeait le texte du décret, les industriels multipliaient les demandes de dérogations, dont certaines ont été acceptées pour un temps délimité, le temps de se mettre en règle avec la loi, délai que les industries n’ont certainement pas cherché à réduire. Mais le danger n’a pas pour autant disparu. Chaque jour, on démolit des bâtiments qui ont contenu de l’amiante, travaux qui libèrent alors des quantités de ce poison dans l’atmosphère et dans les poumons des démolisseurs. Sans compter le coût des opérations.

Lorsque la France a enfin interdit l’amiante, ces considérations n’ont pas empêché l’AIA (Association des Industriels de l’amiante), établie à Montréal, d’envoyer un communiqué à toutes les industries européennes qui utilisaient l’amiante afin de discréditer le rapport de l’Inserm et de « faire valoir leur point de vue auprès de la Commission européenne ». Denise Carrier-Perreault, ministre du Québec déléguée aux Mines, a alors entrepris une visite en Europe où elle a rencontré Jacques Barrot, puis les chercheurs de l’Inserm afin de les prévenir que le gouvernement canadien avait commandé une étude critique de leur rapport. En 1998, le Canada, deuxième producteur mondial d’amiante, a attaqué la France devant l’OMC pour « obstacle au commerce ».

Le Québec en est actuellement au même point que la France en 1987. La désinformation sévit à tous les niveaux. Les industriels, particulièrement l’Institut du Chrysotile, sont très actifs, les politiciens très conciliants et les médecins peu écoutés, le tout baignant dans une large indifférence du public.



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