Fidem Invictam by Sara Greem

Auteur:Sara Greem [Greem, Sara]
La langue: fra
Format: epub
Tags: mythologie nordique, Germains, Charlemagne, Moyen-Âge, chrétiens, rebellion, guerres, Magie, Historique, Mystère, Midukind
Éditeur: Les éditions du 38
Publié: 2022-06-02T22:00:00+00:00

Le lendemain matin, Dhariba s’était réveillée après le départ d’Abidi. Elle s’était levée avec des yeux boursouflés que même l’eau fraîche de la rivière n’avait pas réussi à apaiser. Puis elle avait scruté l’agitation du campement et la tente des prisonniers. Ces derniers entravés par leurs chaînes étaient sortis de leur tente, sous les injures des soldats francs. Certains musulmans s’étaient rebellés en langue arabe et avaient soulevé leurs mains pour qu’on les allège de leurs lourdes entraves. La saqaliba avait vu Sulayman qui baissait la tête, résigné. Lorsque l’un des captifs avait réclamé de l’eau, l’un des soldats l’avait frappé au visage. Comme l’homme avait insisté, Edmund s’était mêlé à l’accrochage et l’avait tué de sang-froid. Dhariba avait plaqué une main sur sa bouche, terrifiée par la scène. Elle n’avait rien rapporté à Abidi, mais son jugement sur la cruauté et la malveillance d’Edmund s’était renforcé.

Les servi aidés par les soldats avaient rapidement rangé le campement et leurs haltes n’avaient pas duré plus d’une nuit. Dhariba s’était efforcée de retrouver une humeur égale pour ne pas inquiéter Abidi. Convaincue que la capture de son ancien maître l’avait profondément affectée, son amie avait tenté de lui en parler à maintes reprises. Mais le cœur de la saqaliba s’était refermé.

La tête du convoi guidée par le souverain franc avait maintenu sa demi-journée d’avance, sur le centre et l’arrière-garde. La chaleur était agaçante, en ce mois d’août. Mais le ciel chargé de nuages s’apprêtait à déverser son poison, sur ceux qui avaient bafoué la dignité de la saqaliba. Jusqu’à ce jour, le soleil ayant brillé sur les terres d’Al-Andalus, Abidi y voyait un mauvais présage.

— Il doit se passer quelque chose de grave, avait-elle supposé. Le ciel essaye de nous faire comprendre quelque chose.

Sa compagne avait ignoré ses préoccupations. Après sa colère suivant ses échanges avec Sulayman, elle ressentait désormais beaucoup de tristesse et Atiya lui manquait plus que jamais.

Lorsque le convoi eut contourné la Vasconie défaite lors de leur arrivée, une pluie fine se mit à tomber et des cris s’élevèrent à l’arrière du convoi. Les soldats qui les escortaient à l’avant avaient lancé leurs montures au galop pour rebrousser chemin. Dhariba se redressa et regarda derrière. Mais elle ne vit qu’une longue file de chariots et des têtes tournées, vers l’horizon.

— J’ai un mauvais pressentiment, déclara sa compagne en se levant.

— Que se passe-t-il ? demanda une serva recroquevillée au fond du chariot.

Le garde qui conduisait ne répondit pas, alors que les cavaliers qui les escortaient semblaient nerveux.

— Savez-vous ce qui se passe à l’arrière ? insista Abidi en s’adressant au cavalier le plus proche.

— Certainement une escarmouche. Assieds-toi, serva, ou tu goûteras à la pointe de ma framée, la menaça-t-il.

Abidi reprit place à côté de sa compagne.

— Tu entends ? s’inquiéta-t-elle, parmi les murmures inquiets des servi.

— J’entends des cris et des bruits métalliques. Peut-être que le soldat a raison et qu’une escarmouche a éclaté à l’arrière du convoi.

— Je ne pense pas, poursuivit la jeune femme en posant une main sur le manche du couteau de cuisine qui ne quittait plus sa ceinture.

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