De Gaulle, un homme dans l'Histoire by Philippe Valode

Auteur:Philippe Valode [Valode, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Biographie
ISBN: 9782809828320
Éditeur: L'Archipel
Publié: 2020-05-27T22:00:00+00:00

Succès en demi-teinte du référendum

Il n’échappe nullement à de Gaulle que, le 19 septembre 1958, le FLN tente de s’opposer à son « opération séduction » de la population musulmane en créant le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Une façon de refuser par avance toute négociation avec la France. Ses trois chefs, Krim Belkacem, Ferhat Abbas et Boussouf s’adjoignent habilement les cinq personnalités politiques algériennes détenues en France depuis 1958, faisant de leur libération un préalable absolu. Cependant, l’unité est très loin d’être réalisée au sein des wilayas et le clanisme, le régionalisme voire le clientélisme les divisent profondément. Des purges militaires se succèdent en 1958-1959, avec l’élimination physique de Mohamed Lamouri et de ses complices mais aussi les massacres sanglants et injustes pratiqués par le Kabyle Amirouche, à la suite d’une opération d’intoxication réussie par les services français du colonel Yves Godard.

L’armée est décidée à assurer le succès du référendum : elle se déploie, inscrit en masse les musulmans sur les listes électorales, prépare le vote au moyen d’intenses campagnes d’action psychologique, assure le transport des populations… Pourtant, le FLN relève le défi : entre juillet et septembre, près de cinq cents Algériens favorables à la France sont assassinés, alors que les attentats se durcissent en métropole. La voiture du très pro-Algérie française ministre de l’Information, Jacques Soustelle, est même mitraillée. Il s’en tire par miracle.

Le 28 septembre 1958, le « oui » l’emporte à 96 %. Près de 80 % des inscrits ont voté, soit 3,5 millions de musulmans et d’Européens (sur 4,4 millions d’électeurs), malgré les consignes d’abstention du FLN. Raoul Salan pense avoir démontré que tous les Algériens ont exprimé leur souhait d’être français. De Gaulle estime qu’il dispose désormais d’une grande liberté d’action, mais ce n’est pas le cas. Le « non » massif guinéen provoque l’indépendance de la Guinée ; pourquoi donc le « oui » massif algérien n’entraînerait-il pas l’intégration à la France ? Pourtant, dans le reste de l’Afrique francophone, le « oui » majoritaire débouche très rapidement sur l’indépendance. Assurément, il n’y a qu’en Algérie qu’une guerre existe. Et on ne voit pas comment l’Algérie échapperait au sort commun des pays africains francophones promis à l’indépendance.

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