Jean-Paul II La Biographie by Alain vircondelet

Auteur:Alain vircondelet
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-03-23T00:00:00+00:00

Dans le droit fil de la pastorale cracovienne

Dès sa première audience publique (séances qu’il ne manquera jamais), il s’adresse toujours dans la salle Nervi à des milliers de pèlerins venus là pour entendre sa catéchèse hebdomadaire. C’est le mercredi 27 septembre. La salle est comble, surchauffée à l’idée de savoir que c’est un moment historique. Jean-Paul II apparaît sous un tonnerre d’applaudissements. Le ton est donné pour toute sa vie de pape. Jean-Paul II sera à jamais cette star, recueillant les fruits d’une popularité sans précédent. Il interroge, ce jour-là, les fidèles, à sa manière, mi-bonhomme, mi-père sévère. Vous posez-vous les questions qui font de votas des chrétiens : « Est-ce que je vis de manière conséquente et responsable ? Le programme que je réalise sert-il le bien commun ? Sert-il au salut que veulent poux nous le Christ et l’Église ? » Il se présente à eux comme un guide, un pédagogue. Il n’entend pas changer d’un pouce le style de sa pédagogie cracovienne. Il sera à l’écoute des hommes, disponible et sincère mais il exigera d’eux en retour un vrai travail spirituel et la restauration des vraies valeurs chrétiennes. Il leur demande de prier Marie, de réanimer la piété populaire, de ne craindre ni sarcasmes ni moqueries des autres. Il arpente la grande et longue estrade de la salle Nervi, et comme il ne peut voir tout le monde, dans la liesse générale, il demande à des huissiers de faire porter une estrade pour « voir jusqu’au fond ». Le voilà, bénissant les pèlerins, sachant imposer en quelques secondes un silence recueilli et, retrouvant son humour décontracté, il leur déclare : « Je vois qu’un seul pape ne suffit pas pour saluer tout le monde. Mais il ne peut y en avoir qu’un et je ne sais pas comment le multiplier […]. Grâce à Dieu, les apôtres n’étaient pas un mais douze.

Et avec la collégialité, il est possible de saluer tout le monde ! »

II aime plus que tout à s’adresser à l'emporte-pièce, interloquant ses auditeurs, les interrogeant par ses questions bien assenées : « E voi, dit-il aux Romains assemblés pour L’angélus, connaissez-vous le chemin du sanctuaire marial de la Montorella ? »

Il commence ses déplacements avec une frénésie qui déroute les usages feutrés de la curie. Le 5 novembre, il part pour Assise à la rencontre du « poverelio » : « Aide-nous, lui lance-t-il dans la basilique, je te le demande, moi, le pape Jean-Paul II, fils de la terre polonaise, je ce demande cela, à toi, fils saint de l’Église, fils de la terre italienne. » À Rome, à l’église de la Minerve, il rend visite à Catherine de Sienne, en profite pour glisser quelques mots sur la condition des femmes, avant tout, dit-il, « épouses et mères inaliénables ».

Puis il décide de rencontrer le clergé de Rome et les religieuses. Il dessine devant eux les grandes lignes de la vocation sacerdotale, définit les devoirs d’une telle charge. Il n’hésite pas à appliquer son programme de Cracovie, exigeant du clergé romain le même dynamisme, le même zèle.

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