L'OR DE RENNES by GERARD DE SEDE

L'OR DE RENNES by GERARD DE SEDE

Auteur:GERARD DE SEDE [SEDE, GERARD DE]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1967-10-14T16:00:00+00:00


Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie …

Au terme de cette exploration dans l’ Histoire, dans la légende et dans leur articulation mutuelle, on peut se risquer à faire le point :

1° Il existe depuis le Moyen Age une tradition selon laquelle un trésor, ou plusieurs trésors tour à tour, auraient été cachés dans les environs de Rennes.

2° Cette tradition n’est pas absurde car elle est recoupée par certains faits bien établis et certaines probabilités : présence (probable) d’un trésor wisigothique à Carcassonne, existence d’une mine d’or à Blanchefort, exploitation de cette mine au Moyen-Age, dépôt (probable) des fonds du parti majorquin, fabrication de fausse monnaie au Bézu, découvertes d’importantes quantités d’or fondu au XIX° siècle.

3° Néanmoins, aucun document ancien et probant n’existe qui nous permette de passer des hypothèses à la certitude.

Si nous considérons à présent cette tradition dans son aspect de mythe, sa thématique est plus riche d’enseignements :

L’or de Rennes nous est donné comme un dépôt inestimable, d’origine mystérieuse, ayant joué ou destiné à jouer un rôle politique de grande importance et appartenant à une collectivité : Etat, Eglise, ordre religieux ou parti. Cet or apparaît le plus souvent lié au thème de la spoliation : l’Eglise cathare, les familles « faydites » telles celle d’A Niort, Blanche de Bourbon, les Templiers, El Desdichado. Dans tous les cas, il s’agit de gens de haut rang dont on a violé les droits légitimes, droit d’héritage ou droit du sang.

D’autre part, les diverses versions de la tradition, historiquement contradictoires, sont mythologiquement convergentes. Peu importe, du point de vue thématique, que le trésor soit attribué tantôt à Blanche de Castille, mère de Louis IX, tantôt à Blanche de Bourbon, reine de Castille, qu’il soit situé tantôt à Blanchefort tantôt au Bézu. En effet l’ancien nom du Bézu, Albedunum, se traduit exactement par Blanchefort : le trésor, très poétiquement, partage ainsi l’ubiquité du « château blanc » qui en a la garde. Et, de même que l’analyse d’un rêve fait souvent apparaître le nom d’un lieu dissimulé derrière celui d’un personnage, Blanche de Castille peut fort bien être ici une simple métaphore de Castillo Blanco, du Château Blanc. Enfin, au Bézu comme à Blanchefort, le trésor est celui des « Blancs » : Albigeois, Blancs Manteaux ou Reines Blanches. Et, comme pour mieux faire éclater cette blancheur, la légende, utilisant avec grand art paysages ou événements, la fait se détacher sur fond noir : c’est Blanchefort opposé à Roco Negro, la Rennes d’en haut à la Rennes d’en bas, le Roi Blanc au Roi Noir, le Diable à la Bergère. Cette bipolarité renvoie, selon le tour que prennent la réflexion et la rêverie, au Baucent, l’énigmatique étendard blanc et noir du Temple, à l’échiquier, à la fois théâtre d’un combat et grille d’un problème, au domino qui est en même temps jeu et déguisement, bref à tout ce qui symbolise l’unité indissoluble des contraires, celle de l’intelligence claire et de l’imagination nocturne. C’est ainsi de sa dialectique que la légende tire son attrait.



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