Sous-Offs by Lucien Descaves

Sous-Offs by Lucien Descaves

Auteur:Lucien Descaves [Descaves, Lucien]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Roman, Historique
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2020-05-21T00:00:00+00:00


— C’est elle, dit Généreuse.

— L’établissement a donc une double issue ?

— Non ; mais il y a, dans la cour, un petit rez-de-chaussée, une chambre où je couche et que je prête à Clara, dans la journée.

La fille rentrait ; un sergent la reçut sur ses genoux et l’y fit danser comme une gamine, pendant que ses deux camarades, séduits par le billard, en taquinaient les billes. Généreuse et Favières restèrent seuls à l’écart.

— Alors, qu’est-ce que tu fiches, ici ?

— Eh bien ! mais… je sers…

Il souriait ; elle s’expliqua :

— Je suis à gages, voilà… parce que nous sommes deux, comme partout dans le quartier… Clara couche dehors et donne trois francs par jour pour sa nourriture, plus… cinquante centimes par visite qu’elle a… Moi, je suis la bonne, logée dans la maison et rétribuée, comprends-tu ?

— Ça s’appelle, chez nous, des sentinelles doubles : l’une, mobile, bat le terrain ; l’autre, fixe, pare à toute éventualité.

Généreuse ne comprit pas, continua :

— Je ne sors pas… C’est Clara… Elle arrive vers onze heures, le matin, et s’en va à minuit… Elle demeure à Plaisance… elle a un petit garçon aussi… qu’une voisine lui garde. Personne ne se doute de ce qu’elle fait… il ne monte jamais un homme chez elle. On croit dans sa maison qu’elle travaille dans une fabrique de boutons… et qu’elle veille tous les soirs… C’était vrai dans le temps ; mais il y avait trop de chômage… des quinze jours !… Fallait vivre, elle et son gosse… On peut dire qu’elle l’aime… Même, j’ai failli m’en aller à cause de ça… Comme ça me rappelait le mien, nous n’avions pas d’autre conversation… Et quand elle n’était plus là, ce que c’était triste ici et ce que je m’ennuyais !… Mais on s’est fait une raison… On parle d’autre chose, en cousant, devant la porte…

— Ah ! toi aussi ?…

Il ne voulait pas avoir l’air d’être exclusivement venu pour l’affaire des boîtes ; mais le terrain lui paraissait, maintenant, suffisamment préparé. Il reprit :

— J’ai bien pensé que tu avais une place, quand je ne t’ai plus vue…

— Ben oui… pas besoin… je suis nourrie…

— Figure-toi… c’est heureux, parce que j’aurais dû renoncer à te faire passer des provisions. Il y a eu des histoires… La police a trouvé… tiens, justement rue Valadon, dans un placard… des boîtes qu’on a renvoyées à la caserne. Une fameuse idée, hein ?… D’autant qu’un moment j’ai cru…

— Que c’étaient les tiennes ?… Mais oui… je n’ai pas tout consommé… Elles m’auraient embarrassée ; je les ai abandonnées… Il n’y a plus de danger pour toi au moins ? C’est que je ne voudrais pas, à cause de moi, que tu aies des désagréments ; dis, tu n’as rien à craindre ?

Elle avait un cri sincère, le jappement et les bonds circulaires de l’animal sur qui son maître peut compter. Elle l’enveloppait de sa défense avant même qu’il lui eût demandé son concours.

— Rien à craindre… je ne



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