Les Parents pauvres by Honoré de Balzac

Les Parents pauvres by Honoré de Balzac

Auteur:Honoré de Balzac [Balzac, Honoré de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: eBalzac
Publié: 2020-02-25T16:00:00+00:00


Mon chat, il va ce soir dîner chez Popinot, et viendra me chercher à l’Opéra sur les onze heures. Je partirai sur les cinq heures et demie, et compte te trouver à notre paradis, où tu feras venir à dîner de la Maison d’Or. Habille-toi de manière à pouvoir me ramener à l’Opéra. Nous aurons quatre heures à nous. Tu me rendras ce petit mot, non pas que ta Valérie se défie de toi, je te donnerais ma vie, ma fortune et mon honneur ; mais je crains les farces du hasard.

— Tiens, baron, voilà le poulet envoyé ce matin au comte de Steinbock, lis l’adresse ! L’original vient d’être brûlé.

Montès tourna, retourna le papier, reconnut l’écriture, et fut frappé d’une idée juste, ce qui prouve combien sa tête était dérangée.

— Ah çà ! dans quel intérêt me déchirez-vous le cœur, car vous avez acheté bien cher le droit d’avoir ce billet pendant quelque temps entre les mains pour le faire lithographier ? dit-il en regardant Carabine.

— Grand imbécile ! dit Carabine à un signe de madame Nourrisson, ne vois-tu pas cette pauvre Cydalise… un enfant de seize ans qui t’aime depuis trois mois à en perdre le boire et le manger, et qui se désole de n’avoir pas encore obtenu le plus distrait de tes regards ? (Cydalise se mit un mouchoir sur les yeux, et eut l’air de pleurer.) — Elle est furieuse, malgré son air de sainte-nitouche, de voir que l’homme dont elle est folle est la dupe d’une scélérate, dit Carabine en poursuivant, et elle tuerait Valérie…

— Oh ! ça, dit le Brésilien, ça me regarde !

— Tuer ?… toi ! mon petit, dit la Nourrisson, ça ne se fait plus ici.

— Oh ! reprit Montès, je ne suis pas de ce pays-ci, moi ! Je vis dans une capitainerie où je me moque de vos lois, et si vous me donnez des preuves…

— Ah çà ! ce billet, ce n’est donc rien ?…

— Non, dit le Brésilien. Je ne crois pas à l’écriture, je veux voir…

{p. 345} — Oh ! voir ! dit Carabine qui comprit à merveille un nouveau geste de sa fausse tante ; mais on te fera tout voir, mon cher tigre, à une condition…

— Laquelle ?

— Regardez Cydalise.

Sur un signe de madame Nourrisson, Cydalise regarda tendrement le Brésilien.

— L’aimeras-tu ? lui feras-tu son sort ?… demanda Carabine. Une femme de cette beauté-là, ça vaut un hôtel et un équipage ! Ce serait une monstruosité que de la laisser à pied. Et elle a… des dettes. Que dois-tu ? fit Carabine en pinçant le bras de Cydalise.

— Elle vaut ce qu’elle vaut, dit la Nourrisson. Suffit qu’il y a marchand !

— Écoutez ! s’écria Montès en apercevant enfin cet admirable chef-d’œuvre féminin, vous me ferez voir Valérie ?…

— Et le comte de Steinbock, parbleu ! dit madame Nourrisson.

Depuis dix minutes, la vieille observait le Brésilien, elle vit en lui l’instrument monté au diapason du meurtre dont elle avait besoin, elle le vit surtout assez aveuglé pour ne plus prendre garde à ceux qui le menaient, et elle intervint.



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