Dalida by Rihoit Catherine

Auteur:Rihoit, Catherine [Rihoit, Catherine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Éditeur: Plon
Publié: 1997-05-13T04:00:00+00:00

ADIEU, MONSIEUR, TOUT EST FINI...

* * *

En août 1970, au cours d'une tournée d'été avec Jacques Dutronc, elle retrouve un grand succès populaire avec Darladirladada, adaptation française d'une vieille chanson de pêcheur grecque. L'air est gai, les paroles tristes : c'est l'histoire d'une femme abandonnée et forte, amoureuse de la vie, tentée pourtant par la mort :

Adieu, Monsieur, tout est fini

Quitte-moi et refais ta vie

Je n'ai qu'une enfant c'est ma terre

Je n'ai qu'une amie la rivière

Elle fait darladirladada

Court le furet file la vague

Je vivrai dans un monde d'algues

Et j'aurai l'océan pour toit.

Cette réussite fracassante - soixante-quinze mille exemplaires écoulés la première semaine -marque sa séparation d'avec Eddie Barclay. Cette chanson, c'est Orlando qui l'a choisie pour elle.

Au début de septembre 1970, la presse annonce son mariage avec Arnaud Desjardins, alors que, déjà, entre Dalida et lui les choses se défont. Comme avec Lucien autrefois...

Lucien, qui est toujours dans sa vie. Lucien qui dit, en citant Voltaire :

« L'amitié, c'est le mariage de l'âme. »

Et aussi :

«Nous avons divorcé, mais c'était seulement une séparation de corps. »

Lucien qui, quand elle était à l'hôpital, lui apportait une rose tous les jours, Lucien à qui elle avait dit alors :

« Ne fais jamais ce que j'ai fait. »

Lucien qui croyait aux dons psychiques de Dalida. Lucien qui, impressionné parce qu'elle avait rêvé la mort du petit roi Fayçal, mort qui s'était produite huit jours plus tard, dans des circonstances très proches de celles du rêve, avait prédit :

« Un jour, tu rêveras ma mort. »

Lucien qui s'était écrié, lorsqu'il a appris que Dalida venait de se suicider :

« Pourquoi est-ce qu'elle ne m'en a pas parlé ! »

Lucien avec qui la guerre est terminée depuis longtemps, remplacée par un amour dépassionné, fondé sur l'indulgence et la compréhension.

Alors, l'horrible nouvelle fait l'effet d'un coup de tonnerre. Le 11 septembre 1970, à six heures du matin, le téléphone sonne rue d'Orchampt. Maurice Siegel, directeur d'Europe 1, a la voix alourdie de tristesse :

« Dalida, viens tout de suite. Lucien... »

Dalida complète :

« Il s'est suicidé ! »

Lucien avait quarante et un ans. Avec sa troisième épouse, Agathe Aems, il vivait une relation fondée sur l'estime et des goûts communs. D'Agathe il a eu deux petites filles, qu'il adore et qui l'adorent. Toujours directeur des programmes sur Europe 1, il avait aussi une maison de disques, AZ, pour laquelle il venait de découvrir Polnareff. Doué d'une grande intuition et du sens de la psychologie des foules, il a un parcours professionnel sans faute, ou presque. Il s'est trompé une seule fois, lorsque, cassant à l'antenne le premier disque de Johnny Hallyday, il s'est écrié : « On n'entendra plus jamais parler de ce jeune homme ! »

Cette réussite exceptionnelle reposait sur une énorme quantité de travail, une forte capacité de concentration :

« Lucien Morisse, écrit Le Parisien libéré le 12 septembre 1970, vivait en permanence sur les nerfs. Il écoutait en moyenne 2 000 disques par mois. Il dirigeait des programmes, animait des émissions, faisait passer

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