Rencontres Avec John Et Yoko by Biographies

Auteur:Biographies [Biographies]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Christian Bourgois
Publié: 2013-05-08T22:00:00+00:00

— Vois-tu, m’expliqua Yoko, nous sommes tous deux extrêmement durs et extrêmement vulnérables. Et ça me dérange quand je vois que John est un homme extrêmement dur. Mais alors il faut que je me rappelle qu’il est aussi vulnérable. Parce qu’il a peur…

— Ouais, fit John, je crois qu’elle va montrer 365 jambes [pour le film Up Your Legs Forever] et faire un film avec une mouche qui se promène sur une fille [Fly], qu’est-ce que c’est ? Et qu’est-ce que je suis censé faire ? Mais ça va, je la connais.

— Rien de plus difficile que de vivre en couple quand on est artistes, poursuivit Yoko. J’ai entendu un gars dire dans l’émission de David Frost : “J’aime écrire de la musique et ma fiancée aime écrire de la poésie.” Et David Frost a répondu : “Eh bien, vous avez de la chance qu’elle aime écrire de la poésie et pas de la musique. Parce que si elle voulait écrire de la musique, est-ce que ça ne serait pas un problème ?” Mais le fait est que John et moi, on peint, on compose, on chante, on écrit de la poésie et on fait des films et, tout bien considéré, je trouve qu’on s’en sort remarquablement bien.

— Si tu fais deux 33 tours il pourrait y avoir un petit changement ! lui déclara John en riant. Mais sinon tout va bien. Le jour où elle voudra la face A, là je serai dans le pétrin… Et tu sais pourquoi les couvertures de nos deux albums du Plastic Ono Band sont similaires ?

— J’ai remarqué que, sur les deux, vous êtes sous un arbre avec la lumière qui baisse. Sur sa couverture, elle a la tête sur tes genoux, mais sur la tienne, c’est toi qui as la tête appuyée sur ses genoux.

— Exact, fit John. Et c’est parce que je voulais qu’on soit séparés et ensemble, aussi, qu’on n’ait pas l’impression que John et Yoko, c’est fini, parce qu’ils ont tous une envie folle qu’on se quitte, Dieu sait pour quelle raison. C’est seulement que personne ne veut que les autres soient heureux, parce que personne n’est heureux.

— Je pense que c’est un miracle que nous nous en tirions bien, dit Yoko à voix basse. Mais nous nous en tirons, tu ne penses pas, John ?

— C’est juste pratique de baiser avec ton meilleur ami, c’est tout, répondit-il. C’est comme ça. Et une fois que j’ai accepté qu’en plus c’était aussi une femme, tout allait bien. Parce que je n’ai jamais vraiment eu d’amie avant. On subit ensemble les traumas de la vie et de la mort tous les jours, donc la question du sexe ne nous dérange plus beaucoup. Tu sais, maintenant je comprends la différence entre le sexe et désirer ma mère, ce qui est un sacré trip. La promiscuité sexuelle, en gros, c’est désirer toutes les mamans du monde. Le désir, le désir, le désir ! Je ne vis pas avec une femme que je fourre et qui a un joli visage.

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