Rolling Stones by Biographies

Rolling Stones by Biographies

Auteur:Biographies [Biographies]
La langue: fra
Format: epub
Tags: biographie
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-09-27T22:00:00+00:00


1966 – 1968 :

BRIAN JONES, CRÊTE ET DÉCLIN

BROKEN ENGLISH, MARIANNE FAITHFULL

* * *

Une légende dans la légende ? Ou bien l’icône qui permet de passer de l’histoire à la légende, et l’icône, quand elle reprend route seule, garde l’aura, par-delà toute destruction.

C’est l’ antithèse d’Anita Pallenberg, toute provocation en avant. Elle est belle, certainement, Marianne Faithfull, corps faussement frêle et cheveux très blonds : mais ce qu’elle porte sur le visage, modelé par l’éducation traditionnelle des couvents pour filles de bonne famille, c’est un reste de vieille aristocratie d’Europe, une fraîcheur comme d’exhiber dans son camp un transfuge de l’ennemi. Et cela les change, les Stones, de celles et ceux qu’ils croisent dans les couloirs des studios et dans les fins de nuits des clubs. Même maintenant qu’elle nous est revenue, la Faithfull, avec sa voix brisée de tabac, de veilles et de trente ans de métier, et que, les présentations faites et la discussion dûment acceptée, vers trois heures du matin, dans le bruit envahissante d’une boîte de nuit parisienne, deux heures après la fin de son propre concert, et qu’on voit sous ses yeux, au bord de la bouche quand elle vous montre, de l’autre côté de la table, un monde imaginaire vers le fond de la pièce et qui pour elle expliquerait tout ce qu’on refuse encore de savoir, les marques indicatrices du gouffre et du trop long sauvetage, on dirait qu’elle vérifie dans vos yeux à vous, si cela vaut encore, cette classe qui est sa marque native. Ce même mot classe qu’elle utilise dans son acception marxiste (Marx aussi vivait à Londres, après tout), quand elle chante après John Lennon son Working Class Hero. Elle n’est anglaise qu’à moitié, et garde dans ses traits un peu de son Europe centrale : sa mère, Eva, est née comtesse Sader-Masoch, nom qu’on ne porte pas comme on s’appelle Watts ou Jones. Elle veut aller vers le théâtre, a toujours lu des livres (expression qui n’est pas pléonastique dans le milieu des Stones), elle connaît Sartre, Camus, Céline et Kafka et vient d’ailleurs de lire la traduction juste parue du livre de Simone de Beauvoir : The second sex. Chez elle, on connaît Karl Kraus (qu’elle écrit Karl Krauss dans son livre) et toute la psychanalyse de Vienne.

Son jardin secret, c’est le réconfort des amours féminines et d’amies secrètes, qui vous aident à traverser les passes diurnes plus hostiles. Les transgressions qu’on s’accorde dans les milieux retranchés de l’art ne sont pas neuves, pas plus que de refaire sa mine d’ange au matin après les amours nocturnes des dortoirs de couvent, l’époque est rigide, et les filles sont jeunes : elle initiera Mick à ces licences morales. Marianne Faithfull, dans sa brève liaison avec Mick Jagger (deux ans, au milieu de ce livre), y sera comme une plaque de verglas sur la route trop rapide où on vient de les suivre, une image blonde et frêle dont tout un monde mercantile se saisit mais y glisse et tombe. Reste qu’elle s’y sera cassée elle-même.



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