Succion by Sigurdardottir Yrsa

Auteur:Sigurdardottir Yrsa [Sigurdardottir Yrsa]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2019-04-16T04:00:00+00:00

À midi, Freyja était redevenue elle-même grâce à l’ibuprofène délivré par l’infirmière de la Maison des enfants et au hamburger qu’elle avait avalé avec un milk-shake dès l’ouverture du fast-food. Lorsqu’elle reçut l’appel du commissariat de Hlemmur, elle avait enfin les idées claires. Elle se sentait d’attaque pour faire face à tous les imprévus. Son interlocuteur, un certain Guðmundur Lárusson, lui apprit que Huldar lui avait communiqué ses coordonnées et l’avait chargé de l’appeler à sa place, faute de temps. On avait besoin d’elle pour une affaire simple mais urgente. On la priait de venir immédiatement pour assister les policiers auprès d’une femme qui venait de faire irruption dans les locaux et qui était liée à l’enquête en cours. Guðmundur, qui savait par Huldar qu’elle était au courant, lui expliqua qu’on comptait sur elle pour réussir à calmer une femme au désespoir. Suivait un résumé des faits. La personne en question avait pris à partie le policier de la réception. À bout de patience, il avait appelé à la rescousse le premier étage. Guðmundur précisa que l’agent n’était pas à plaindre. Il en avait vu d’autres et des bien pires. On ne pouvait pas imaginer la faune qui atterrissait tous les jours à la réception, pour les raisons les plus invraisemblables.

Guðmundur se décida enfin à lui donner le nom de la femme et à préciser son lien avec l’enquête de Huldar. Freyja bondit sur ses jambes sans attendre qu’il ait pris congé d’elle. Elle enfila son manteau et se précipita vers sa voiture. La femme qui avait semé la pagaille au poste de police, c’était Dagmar, la mère de Vaka, la fillette que Jón Jónsson avait violée et assassinée.

Il y avait peu de circulation mais Freyja avait le chic pour tomber systématiquement sur des feux rouges. Elle pianotait d’impatience sur le volant. Elle craignait d’arriver au commissariat après le départ de la mère de Vaka. Elle se demandait pourquoi Huldar ne l’avait pas appelée lui-même. Cette question en amena une autre, qui resta sans réponse. Pourquoi l’avait-il abandonnée le soir précédent ?

Pour gagner du temps Freyja ne paya pas le parking voisin du poste de police – si elle avait une amende le policier Guðmundur userait de son influence pour la faire sauter. Elle partit en courant et se présenta tout essoufflée au policier de garde de la réception. La cible des reproches de Dagmar. Il n’avait pas l’air d’avoir souffert de l’incident. Il était parfaitement serein quand il lui indiqua la bonne direction.

Le policier Guðmundur Lárusson l’accueillit. Un homme maigre avec les cheveux grisonnants. La grosse patte qui tenait la poignée de la porte était le seul vestige d’une force physique disparue.

— Je l’ai installée ici. Normalement la pièce sert de salle d’attente mais on l’utilise rarement. Elle a refusé de me parler. Elle s’était défoulée à l’accueil, maintenant elle est complètement vidée. Comme vous êtes psy, j’espère que vous avez tout ce qu’il faut pour la calmer dans votre panoplie de tours de magie. Il faudrait que vous arriviez à en tirer quelque chose de constructif.

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