Carnac, les Menhirs disparus by Simone Ansquer

Carnac, les Menhirs disparus by Simone Ansquer

Auteur:Simone Ansquer [Ansquer, Simone]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Bretagne, Littérature française
Éditeur: Éditions Alain Bargain
Publié: 2021-10-15T07:39:51+00:00


XXIX

LA PLAIDOIRIE

Une force destructrice se dégageait de Clara. Elle menait Anton exactement là où elle l’avait décidé et venait de le placer devant un mur, face à un peloton d’exécution imaginaire. Le genou droit d’Anton plia sous le choc d’une balle invisible, sa cage thoracique explosa sous le tir soutenu d’une rafale virtuelle. Cette femme contrôlait les tirs. Ses paroles tuaient et la dernière venait de l’atteindre directement en pleine poitrine : « Quelle est la main qui colla le canon du revolver dans la bouche de votre fille ! » Sous la torture, elle n’avouerait rien. S’il répondait à la question « Qui a tué Hugo Doaré ? », elle lui présenterait sur un plateau la poigne du coupable. Ainsi, sa fille ne se serait pas suicidée. Cette éventualité créa un bouillonnement effroyable qui secoua entièrement le corps d’Anton. Il fit les cent pas et plus, dans le quadrilatère du Manio, le cerveau en action.

Clara voulait croire que sa sœur n’était pas une affabulatrice. Anton irait dans son sens. Aussi posa-t-il ses premiers postulats. Le bus avait existé, ainsi que les passagers. Cassis disait vrai en émettant l’hypothèse que l’assassin pouvait se trouver dans l’autocar ou du moins un complice, monté avant elle. Ensuite, Anton se focalisa sur le mobile. Le ver, ou plutôt le jeune fermier, coupable d’un triple homicide en 1954, en avait un et qui se tenait fort bien. Il cherchait à faire taire Doaré. Alors, Anton réfléchit : « Le ver est dans la pomme, ce fruit est l’autocar, le lombric est fripé puisqu’âgé de près de quatre-vingt-dix ans. Pierre serait le ver… »

Dans son cahier, Cassis avait repris les propos du vieil homme : « J’ai quatre-vingt deux ans et ma femme, dix années de moins que moi. J’ai vécu la guerre. Nous avions faim… » Pierre avait pu mentir sur son âge, se rajeunir. De plus, c’était lui qui avait collé sur la vitre arrière la feuille quadrillée avec l’appel au secours. Le texte « Bombe à bord » avait très bien pu être modifié sans que Cassis ne s’en aperçût. Peut-être que tous les voyageurs se serraient les coudes, autour du vieillard, qu’ils jouaient une effarante comédie pour enfoncer Cassis… Dans ce cas, pourquoi auraient-ils agi ainsi ? Anton eut soudain une révélation : par amour pour ce vieil homme ! Le sang de Pierre devait couler dans leurs veines à tous. Un secret de famille, voilà la théorie qu’il avancerait devant les jurés, puis il affirmerait que Cassis Gloarec était innocente et avait été manipulée de main de maître.

Anton leva les bras au ciel, discourant dans sa tête avec grandeur ; « Machiavel en personne ! Pas un mais sept coupables ! Quant à l’enfant, au bénéfice du doute, je ne peux que lui faire grâce de son implication. Cette femme, Cassis Gloarec, que vous avez devant vous, aima Hugo Doaré et ce fut réciproque. Qu’il lui lègue sa fortune n’en fait pas une meurtrière. Si vous songiez autrement, alors vous agiriez comme ceux qui l’ont amenée dans le box des accusés où vous la contemplez actuellement.



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