L'hallali by Nicolas Lebel

L'hallali by Nicolas Lebel

Auteur:Nicolas Lebel [Lebel, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: Le Masque
Publié: 2023-03-07T23:00:00+00:00


II

Opération Apollon

23

24 novembre, 8 h 56

Quarante-deux jours plus tôt

Le bâtiment, posé au milieu de Levallois-Perret, rappelait les heures fastes de l’architecture soviétique, période KGB et parapluie bulgare, un cube beige de béton et de verre entouré de grilles noires qui dominait la chaussée avec une autorité glacée. Au premier regard, on devinait la pesanteur administrative et la froideur bureaucratique qui frappaient ceux qui entraient là. Au-dessus des portes, la mention « Ministère de l’Intérieur » achevait tout espoir d’en ressortir. Indifférent à l’aspect de cet immeuble où il travaillait maintenant depuis près de sept ans, le commissaire Arnaud Bougerol quitta l’arrière de sa large Audi de fonction et laissa repartir son chauffeur. La mèche grise au vent, resserrant les pans de son long manteau noir, le petit homme sec passa les grilles sur un salut du planton et monta les marches du perron en trottinant. Quelques « Bonjour, commissaire » ponctuèrent son arrivée, accueil chaleureux qui contredisait la froideur extérieure du bâtiment : la méconnue convivialité de la DGSI.

Répondant à chacun sans omettre le grade ni le nom de famille, Bougerol traversa le hall et prit l’un des ascenseurs pour rejoindre le quatrième étage. D’après sa montre, il était 8 h 56. Tout le monde devait déjà être installé. Lui aimait être ponctuel, c’est-à-dire entrer en scène à l’heure précise, ni en avance ni en retard. C’était selon lui le meilleur moyen de ne pas être surpris. En arrivant trop tôt, un élément incongru pouvait survenir et compromettre l’événement prévu. On se retrouvait happé dans une discussion avec un supérieur, percuté par une nouvelle inattendue qui obligeait à retracer le cap de la journée… Sa fonction au sein de la DGSI ne lui permettait pas d’être pris de court. Il était renseigné, il « en savait ». En conséquence, tout devait être préparé, coordonné et planifié. À la seconde. Toute surprise présageait un échec. Et ce principe qu’il s’imposait à chacune de ses missions, il l’appliquait aussi à chaque minute de sa vie. Arriver en retard était un signe de négligence et d’irrespect. Des informations avaient été données, qu’il fallait rattraper. Ce n’était pas professionnel. Or, Bougerol était un professionnel. Cinquante-trois ans, commissaire à vingt-cinq, vingt-huit ans de police, douze ans dans le Renseignement, dont sept à la DGSI. Alors il mettait un point d’honneur à se présenter à l’heure pile, toujours. Un jour viendrait, il le savait, où il arriverait quelque part en avance ou en retard. Volontairement. Et là, tous seraient surpris. Car si d’après lui être surpris était une faute, surprendre était une force.

Il épousseta ses épaules d’un revers de main pour en chasser les éventuelles pellicules et déboutonna son manteau. Son costume anthracite était impeccable. Il réajusta sa cravate noire sur sa chemise blanche, dégagea son cou en tendant le menton. Son œil fut attiré par la caméra de sécurité qu’il ignora aussitôt. Les portes s’ouvrirent et un homme en costume bleu surgit à sa rencontre pour lui donner un dossier.

— Bonjour, commissaire. J’ai scanné les photos pour la présentation.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.