Stups by Eric Oliva & Denis Richard

Auteur:Eric Oliva & Denis Richard [Oliva, Eric & Richard, Denis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782848868110
Éditeur: Lucien Souny
Publié: 2020-02-24T23:00:00+00:00

***

Mohamed faisait les cent pas sur sa terrasse. Les rumeurs collectées par ses informateurs en Espagne n’étaient pas vraiment encourageantes. Sans nouvelles de son cousin, il s’était évidemment douté que le voyage avait mal tourné, mais s’était tout de même attendu à le voir débarquer au bout de quelques jours, bredouille. Le fait que personne n’avait vu Larbi depuis près d’une semaine le rendait anxieux. Il redoutait le pire.

Il venait de passer un centième coup de fil et avait obtenu la même réponse que précédemment : nul n’avait croisé le petit, et celui-ci n’avait pris contact avec aucun membre de la famille. Depuis plusieurs jours, sa tante, tout aussi inquiète, ne cessait de le harceler. Il fallait qu’il sache ce qu’il s’était passé.

Il attrapa l’un de ses portables et composa un numéro. Au bout de trois sonneries, un homme répondit. Mohamed garda le silence. Intérieurement, il venait de comprendre.

— Tu ne t’attendais pas à m’entendre, ricana l’homme à l’autre bout du fil.

— Où il est ? demanda Mohamed après avoir reconnu la voix de Marco.

— Étant donné que mon copilote doit être au paradis, ton cousin doit profiter de ses vierges.

— Tu l’as tué ?

— S’il n’avait pas été mort en arrivant, je l’aurais descendu de mes propres mains. Mais moi, je l’aurais fait souffrir. Tu croyais vraiment que ta connerie allait marcher ? Que tu allais pouvoir me niquer comme ça ? Que j’allais fermer ma gueule et me laisser faire ? Tu m’as pris pour un demeuré ou quoi !

— C’est juste les affaires, l’ami, répondit le narcotrafiquant. Y avait rien de personnel. J’ai eu quelques soucis ces derniers mois et j’avais pas le choix.

— Dis-moi, Ducon, tu vas essayer de me faire pleurer, en plus ? hurla Marco dans le téléphone de Larbi. On a toujours le choix ! Fallait m’en parler et on aurait pu s’arranger !

— C’est pas des conneries, l’ami. Les flics sont venus me voir et ces enfoirés m’ont mis à l’amende. Si je casque pas, je peux dire adieu à mes fermes et à mes cultures.

La tension était à son comble. Marco était littéralement vert de rage et à la limite de l’apoplexie.

— C’est ton problème, ça ! T’avais pas à essayer de m’enfler parce que t’as des soucis avec les poulets de ton putain de bled ! Tu gères ça avec eux. Pas en niquant tes clients, et encore moins ma gueule.

— Ça aurait pu être n’importe qui.

— J’en ai rien à foutre, Mohamed ! Tu me dois cent kilos, lâcha Marco de but en blanc. Ou, si tu préfères, quatre-vingt mille euros.

Cinq secondes s’écoulèrent. D’un côté comme de l’autre, les matières grises étaient en fusion.

— OK. Je vais voir ce qu’on peut faire. On essaie de s’arranger au prochain voyage.

— Au prochain voyage, ricana Marco. Tu m’expliques comment on procède pour les transports maintenant ?

— Pourquoi ? T’as plus ton hélico ?

— Mon hélico ? Mais t’as pété un plomb ou quoi ? Bien sûr que je l’ai toujours, et je suis certain que mon pilote se fera un plaisir de venir en personne te mettre une balle dans la tête. Ça te va comme ça ?

Mohamed soupira bruyamment. Ce pilote devait être plus susceptible que ce qu’il avait supposé.

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