La danse du gorille by Sandrone Dazieri

La danse du gorille by Sandrone Dazieri

Auteur:Sandrone Dazieri [Dazieri, Sandrone]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2022-02-03T13:07:06+00:00


7

QUAND LA CONNEXION DE TOUS LES APPAREILS électroniques qui sont autour de vous disparaît, ça veut dire qu’un raid est imminent. Pour éviter que vous puissiez prévenir vos amis et vos proches, la police ou l’armée place des « scramblers » qui bloquent les ondes radio et Internet, avant de vous fondre dessus.

Dans le cas de Lissone, les forces antiémeutes défoncèrent la porte avec un blindé, pas plus de trente secondes après que je m’étais agenouillé. Les hommes entrèrent et lancèrent une paire de grenades « flashbang » qui aveuglent et assourdissent, accompagnées d’une tonne de lacrymogènes. Quand nous fûmes tous à terre, dans l’impossibilité de respirer, ils déboulèrent avec des matraques histoire de nous dérouiller un peu. Après quoi ils nous firent sortir et nous menottèrent avec des colliers de serrage en plastique.

À l’extérieur, la scène était surréaliste. La brume des lacrymogènes avait noyé toute la zone et luisait dans la lumière des phares des blindés ; on n’entendait que le bruit des détonations et des cris.

Il n’y avait pas que la police. Un groupe d’hommes et de femmes portant l’uniforme d’une compagnie de sécurité privée et des masques à gaz dernier modèle vidèrent les camions, jetant tout ce qu’ils contenaient au milieu de la pelouse. Ils s’arrêtèrent devant le corps d’Alfonso, mais le laissèrent à la police mortuaire, qui arriva à l’aube.

Nous étions couverts de bleus et fatigués, alignés contre le mur, toujours menottés. Papillon* avait son nœud en bataille et taché de sang. Easy Rider avait l’entrejambe trempé d’urine, mais il continuait à insulter les policiers qui passaient près de lui.

Des journalistes vinrent prendre des photos et des chaînes de télévision nous filmèrent au moment où on nous obligeait à monter dans un car de police. On nous débarqua dans la cour intérieure du commissariat central de Milan, un immeuble Renaissance, qui avait été un collège, un couvent puis un hôpital, avant d’être rempli de flics et de voyous comme moi. On nous enleva nos liens et on nous prit nos papiers d’identité.

Cinq minutes après avoir donné les miens, je fus séparé des autres et mis dans une pièce rien que pour moi, gardée par un planton qui avait peur de me parler.

Au bout d’un moment, des bruits de moteur s’élevèrent dans la cour et, par la fenêtre, je vis qu’on faisait monter mes compagnons d’infortune dans les véhicules de la pénitentiaire.

— Vous pouvez sortir, dit la voix de Ferolli derrière moi.

Je me retournai : il était là avec son costume Caraceni. Le planton claqua des talons et sortit.

— Ils savent que vous êtes à la retraite ?

— Arrêtez de vous comporter comme un gamin.

Ferolli tira sur son pantalon pour ne pas défaire les plis et s’assit.

— Vous savez pourquoi vous n’êtes pas transféré en prison avec les autres ?

— Comme ça, ils penseront que c’est moi qui les ai dénoncés. La récompense pour avoir agi bêtement.

Il applaudit silencieusement.

— Je vous ai donné la possibilité de renoncer. Vous ne m’avez pas écouté.

— Vous vous êtes servi de moi.



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