Sombre Héritage - 3 - Princes de sang by Verhoest Christelle

Auteur:Verhoest, Christelle [Verhoest, Christelle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Bit-Lit
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2014-06-17T22:00:00+00:00

16

UNE MACHINATION

Dès que je m’éveillai, le dimanche matin, Alexis ne m’accorda même pas le temps de penser. Il se lova contre moi, pressant son corps nu contre le mien. Il m’embrassa le coin de la bouche, le cou, avant de me mordre la jugulaire et de boire. Je râlai, agrippai la couette. À peine revenu dans la réalité, je repartais déjà vers un monde merveilleux dont il était le prince absolu.

— À ton tour, mon ange, murmura-t-il en s’écartant, et en passant son doigt sur la morsure pour la refermer.

Je tournai la tête, humai son odeur inimitable, automnale et bouleversante, ce mélange de pluie, de terre fraîche et de musc. Je me mis sur le côté, mordillai la peau pâle de son cou, avant de percer, et d’aspirer le nectar sucré. Il émit un petit bruit, et sa main s’égara, m’effleura à l’endroit stratégique. Je faillis m’étrangler, tant le plaisir était intense. Il me laissa finir de boire. Quand je fis disparaître l’entaille d’une douce pression, sa main osa ce qu’il s’était retenu de faire, tandis que nos cœurs battaient à l’unisson. Je m’échouai entre ses bras, m’y enfouis, prêt à y rester pour l’éternité.

— Alors, c’était comment ? entendis-je à travers les brumes de mon rêve éveillé.

— Une note ? Tu veux une note ? murmurai-je.

— Un jugement, au moins, rit-il, comme pour un concours. Tu vois : excellent, très bien, bien…

— On ne juge pas des toutous sur un podium, là, ris-je à mon tour. Et puis, tu es le seul à concourir.

— Je veux mon jugement.

— Hors catégorie.

Il explosa de rire, et me serra à m’en briser les côtes.

— Alexis ?

— Oui, mon ange, mon amour, ma vie ?

— Tout ça ? ouah ! Là, tu es si gentil… Pourquoi as-tu été si dur hier ? Quand tu as dit…

— Que tu pisserais moins en pleurant plus ? J’étais énervé. Je n’ai pas le meilleur caractère du monde, mon Lan, tu le sais. Je n’en pouvais plus, du manoir d’Efflam, des souvenirs qui y sont rattachés, des bals que j’y ai subis, à une époque où je ne t’avais pas, où j’ignorais que tu existais, et que j’étais si malheureux. Je n’en pouvais plus des airs de mon oncle, car je n’oublie rien, ni les coups, ni la marque du banni, ni le fouet. Et mon frère qui avait tous ces ennuis… Cette demeure ne porte pas chance.

— Je n’aurais pas dû m’enfuir. J’ai eu la même réaction que lorsque j’ai découvert mes crocs.

— Tu es comme ça, Lan. Honnêtement, si les vampires s’entretuent, je serais soulagé. Pourvu que les chefs de clans soient tous éliminés, et que les Kallikantzari passent à autre chose… Une autre façon de vivre, qui sait ? On peut toujours rêver.

— Déjà, nous n’avons plus à nous préoccuper des filles à engrosser, fis-je remarquer.

— Ah, j’aime bien quand tu redeviens optimiste ! Mon frère et toi êtes mes priorités, alors cette affaire passe au second plan, en effet. À ce propos, Lan…

— Oui ?

— Il y a une chose que je voudrais savoir.

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