Le Souffle de l'Aventure by Marilou Rouge

Auteur:Marilou Rouge [Rouge, Marilou]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gloriana éditions
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

14

— Allez-y, bon sang.

— Arrêtez de me pousser, j’irai quand je serai prête.

— Plus vous attendez, plus c’est difficile.

— Ça m’étonnerait, sinon ça va vite devenir insurmontable.

— C’est pour ça que vous devez y aller main-te-nant.

— Si vous me poussez encore une fois, vous pourrez vous débrouiller tout seul.

Le soleil se couchait dans le petit village indien, éclaboussant le ciel et la mer de langues de feu et de vagues de rose. Un vent venant de l’Est, et donc de l’océan, agita la plage, rafraichissant l’air qui restait cependant lourd comme le plomb. Un grondement se fit entendre.

— Chut, voyons.

— Si vous croyez que mon estomac le fait exprès. Même sur cette foutue île où nous étions coincés, j’ai pas eu aussi faim.

— On se demande d’ailleurs comment c’est possible, vu vos prouesses à la chasse au collet, grinça Rose.

Joshua haussa les épaules et la poussa devant lui.

— Bon, allez-y, après il va être trop tard.

Rose lui jeta un regard assassin, mais commença à avancer. Elle se dirigea vers le village, qui se situait à environ une journée et demi de marche de Pondichéry, qu’ils avaient quitté la veille.

Ils avaient marché une bonne partie de la nuit, sans croiser âme qui vive sur la route. Enfin, si on pouvait parler de route. L’étroite bande de terre aplanie par des siècles de marche serpentait entre les dunes qui ponctuaient la côte, s’effaçant parfois pour reparaitre quelques mètres plus loin. L’euphorie du début avait vite laissé la place à la lassitude, la fatigue, la peur, puis la faim. Surtout la faim. De temps en temps un bruissement dans un fourré de joncs secs les faisait sursauter, mais ils ne voyaient jamais rien en sortir. Ce qui était peut-être une bonne chose. Ni l’un ni l’autre n’avait vraiment l’habitude de marcher autant, et au bout de quelques heures, Rose sentit des ampoules naître sur ses pieds. Elle commençait à vraiment trainer la patte quand Joshua proposa de s’arrêter pour s’abriter près d’un bosquet de figuiers que l’on apercevait quelques dizaines de mètres plus loin. Rose accepta aussitôt et comme un cheval qui sent l’écurie, accéléra le pas jusqu’aux arbres. Malheureusement pour les deux Anglais, leurs fruits n’étaient pas mûrs. Harassés, ils se couchèrent donc entre les racines, sans plus discuter, avec le ventre qui criait famine. Le lendemain, Rose avait été réveillée de mauvaise humeur par les premières lueurs de l’aube. Estimant qu’il n’était pas juste qu’elle soit la seule debout à se morfondre, elle avait secoué Joshua qui ronflait comme un bienheureux. Celui-ci s’était réveillé en sursaut, et ils avaient passé le reste de la journée à alterner disputes et bouderies comme deux gamins. En début d’après-midi, ils avaient enfin commencé à croiser des gens. Suivant deux femmes qui guidaient un âne chargé de sable, ils avaient fini par arriver dans un village. Sauf qu’ils n’avaient toujours pas d’argent pour acheter quoi que ce soit. Rose répugnait à voler de la nourriture, surtout que les habitants avaient l’air presque plus pauvres qu’eux.

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