L'amant du lac by L'amant du lac

L'amant du lac by L'amant du lac

Auteur:L'amant du lac
La langue: fra
Format: epub
ISBN: EPUB9782897120498-53540
Éditeur: Mémoire d'encrier
Publié: 2013-11-05T16:00:00+00:00


12

Gabriel naviguait sur la rivière Attigameg, il évita de justesse un couple de rats musqués qu’il surprit au milieu du courant et qui disparurent sous le canot. La saison des amours éclatait tout autour: les oiseaux mâles aquatiques s’épivardaient afin de séduire les femelles; un malard flamboyant courut sur la surface de l’eau en battant des ailes sous les yeux, en apparence, indifférents d’une belle au plumage terne. Les rives explosaient de vie, animées par les piaillements, les gazouillis, les pépiements qui accompagnaient la nidification. Les quenouilles bougeaient, secouées par les allers-retours laborieux des oiseaux.

Gabriel se sentait triste et vide. Wabougouni lui manquait déjà; pourtant il poursuivit sa route car elle n’était pas disponible, trop tard arrivée dans sa destinée, sur sa route d’homme. Sa peau de soie ocrée, son parfum de terre chaude, sa saveur de fruit mêlée d’épices; arriverait-il à ne plus penser à elle? Il se secoua, orienta ses pensées vers sa destination. Son oncle, Pierre-Arthur, serait heureux de son retour. Gabriel partagerait ses redevances de la vente des fourrures avec celui qui était aussi son parrain, car il habitait chez lui, y avait son pied à terre. Il médita pour retrouver l’élan vers Rose-Ange, la fille du docteur Miron, avec qui il entretenait une idylle. Il ignorait la suite de leur relation qui, lors de son départ vers la forêt en octobre de l’année précédente, était encore un lien d’amour platonique, à peine marqué par des baisers presque chastes. Dans la bourgeoisie, les filles gardaient leur virginité pour le soir des noces… Il soupira.

Il se demanda comment une si jolie fille pouvait s’intéresser à lui. Même en ce pays de nouvelle colonisation, selon une loi municipale votée au gré des élus, les Autochtones n’avaient pas le droit de vivre au milieu des Blancs. L’union avec un métis pour Rose-Ange tenait de l’utopie, même si le père du métis était de sa race. L’exotisme et le charisme de Gabriel l’avaient séduite, et comme elle avait vécu des années pensionnaire dans un couvent à Québec, elle ne portait pas le même jugement sur les premiers habitants du territoire que les résidants du village de ses parents. La majorité des gens n’avaient que du mépris et de la méfiance envers les Amérindiens. L’origine blanche de son père adoucissait leur jugement sur le jeune homme. Sa mère abénaquise avait obtenu un diplôme d’enseignante chez les Ursulines de Québec, ordre de religieuses qui éduquaient les filles autochtones depuis les débuts de la colonie en Nouvelle-France. Gabriel était instruit pour son époque. Aux prises avec la grippe espagnole, sa mère avait arraché à son père la promesse de laisser l’enfant suivre ses études primaires avant de l’amener en forêt et d’en faire un bûcheron ou un trappeur. Le père ne supporta pas le veuvage et quitta l’Abitibi pour retourner dans sa région de Portneuf. Incapable d’élever seul son fils, il le confia à une cousine et à son frère, Pierre-Arthur.

À peine arrivée au village, Rose-Ange le remarqua au magasin général, elle le chercha du regard, le surveilla afin d’entrer en contact avec lui.



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