Nina Simone: Love me or leave me by Mathilde Hirsch & Florence Noiville

Nina Simone: Love me or leave me by Mathilde Hirsch & Florence Noiville

Auteur:Mathilde Hirsch & Florence Noiville [Hirsch, Mathilde & Noiville, Florence]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9791021029125
Google: 9tuRDwAAQBAJ
Éditeur: Tallandier
Publié: 2019-04-30T22:00:00+00:00


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Et voilà Nina assise devant son piano. Elle cherche… Trois notes, un enchaînement. Il lui revient à l’esprit un negro spiritual qu’elle a entendu enfant. Un gospel incantatoire qui était souvent joué lors des revival meeting à l’église de Tryon. Il s’appelle « Sinnerman ». « Le pécheur ». Les paroles sont en forme de longue prière musicale faisant dialoguer un pécheur avec le Seigneur. Oh sinnerman, where you gonna run to ? Sinnerman, where you gonna run to ? « Où vas-tu fuir ? » demande le Seigneur. « Je cours vers le rocher. S’il te plaît, cache-moi, rocher », supplie le pécheur. Nina impulse au morceau un rythme plus frénétique qu’à l’origine. Sur un air fiévreux, elle chante : Oh sinnerman, where you gonna run to ? « Mais le rocher a crié : “Je ne peux te cacher.” J’ai dit : “Rocher, quel est ton problème ? Ne vois-tu pas que j’ai besoin de toi, rocher ?” Oh Seigneur, Seigneur, Seigneur. »

Dans les clubs new-yorkais, Nina teste son nouveau morceau. Devant un public fasciné, son chant sonne comme un cri désespéré. Un appel à l’aide de la part du pécheur. « Alors, je cours vers la rivière. Elle saignait. Je cours vers la mer. Elle saignait. Je cours vers la mer. Elle était en ébullition. » À mesure qu’elle déroule son incantation, sur un long crescendo, la musicienne augmente la puissance et l’intensité de sa voix. Le public est de plus en plus transporté. « Alors, j’ai couru vers le Seigneur. S’il te plaît cache-moi, Seigneur. Ne me vois-tu pas prier ? Mais le Seigneur a dit : “Va au diable.” Alors, j’ai couru vers le diable. Il attendait. »

L’intention morale est évidente. Pour le pécheur, les voies de la rédemption sont fermées. C’est l’enfer qui l’attend. Il sera châtié. Elle chante comme un pasteur déroulerait son sermon devant des fidèles. The Lord said : Go to the Devil. He said Go to the Devil. So I ran to the Devil. He was waitin’. Elle amène la chanson jusqu’au climax et soudain, lorsque le bouillonnement d’énergie est à son summum, elle crie : Power ! Et, comme à l’église, ses musiciens lui répondent en chœur, à la manière d’une assemblée de fidèles : Power to the Lord !

Concert après concert, en fonction des réactions, Nina peaufine sa chanson. En modifie l’arrangement, revisite les rythmes – qu’elle rend toujours plus charnels et étourdissants – et les paroles, tantôt expiatoires, tantôt incantatoires. Elle y met toujours plus d’intensité, allonge la durée, donne de l’ampleur. Plus tard, en 1965, elle gravera une version définitive de « Sinnerman » dans le disque Pastel Blues : une version longue, de plus de dix minutes, avec des improvisations au piano, une batterie fiévreuse, des claquements de doigts et de mains. Mais lorsqu’elle est en direct – et elle sait bien que la chanson ne produit le maximum d’effet que dans ces cas-là – elle improvise en suivant la pulsation de la salle. Elle entre en communion totale avec le public.



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