J'IRAI CRACHER SUR VOS TOMBES by Boris Vian (Vernon Sullivan)

J'IRAI CRACHER SUR VOS TOMBES by Boris Vian (Vernon Sullivan)

Auteur:Boris Vian (Vernon Sullivan) [Vian, Boris]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier & Mystère
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2011-02-21T23:00:00+00:00


XIII

Pratiquement, je n’avais pas adressé de nouveau la parole à Lou depuis notre grande conversation lorsque nous sommes montés nous coucher, Dex et moi. Nos chambres étaient au premier, du même côté que celles des filles. Les parents occupaient l’autre aile. Les autres types étaient rentrés chez eux. Je dis que les parents occupaient l’autre aile, mais à ce moment, ils étaient repartis pour New York ou Haïti, ou quelque chose comme ça. Il y avait dans l’ordre, ma chambre, celle de Dexter, celle de Jean et celle de Lou. J’étais mal placé pour des incursions.

Je me déshabillai, pris une bonne douche et me frictionnai énergiquement au gant de crin. J’entendais Dexter remuer vaguement dans sa chambre. Il sortit, puis revint cinq minutes après, et je perçus le bruit d’un verre qu’on emplit. Il avait été faire une petite expédition de ravitaillement et je pensai que ce n’était pas une mauvaise idée. Je tapai légèrement à la porte de communication de sa chambre et de la salle de bains qui nous séparait. Il vint aussitôt.

– Oh, Dex, dis-je à travers la porte. Ai-je rêvé ou ai-je entendu des bruits de bouteilles ?

– Je vous en passe une, dit Dex, j’en ai remonté deux.

C’était du rhum. Rien de mieux pour dormir ou pour rester éveillé, suivant l’heure. Je comptais rester éveillé, mais j’entendis Dex se coucher peu après. Il l’avait pris d’une autre façon que moi.

J’attendis une demi-heure et je sortis doucement de ma chambre. J’avais un slip et ma veste de pyjama. Je ne peux pas sentir les pantalons de pyjama. C’est un système impossible.

Le couloir était sombre, mais je savais où j’allais. J’avançai sans précautions, car les tapis suffisaient à étouffer le bruit d’un match de base-ball, et je cognai doucement à la porte de Lou.

Je l’entendis approcher ; je la sentis approcher, plutôt, et la clé tourna dans la serrure. Je me glissai dans sa chambre et je refermai prestement le panneau laqué.

Lou portait un ravissant déshabillé blanc qu’elle avait dû voler à une Vargas Girl. Visiblement, sa tenue comprenait également un soutien-gorge de dentelle et une petite culotte assortie.

– Je viens voir si vous êtes toujours fâchée contre moi, dis-je.

– Ne restez pas ici, protesta-t-elle.

– Pourquoi m’avez-vous ouvert ? Qui pensiez-vous que c’était ?

– Je ne sais pas, moi, Susie, peut-être…

– Susie est couchée. Les autres domestiques aussi. Vous le savez parfaitement.

– Où voulez-vous en venir ?

– À ça.

Je l’attrapai au vol et je l’embrassai d’une façon vraiment conséquente. Je ne sais pas ce que faisait ma main gauche pendant ce temps-là. Mais Lou se débattait et je reçus sur l’oreille un des plus ravissants coups de poing qu’il m’ait été donné d’encaisser jusqu’à ce jour. Je la lâchai.

– Vous êtes un sauvage… dit-elle.

Ses cheveux étaient peignés normalement, flous, avec une raie au milieu, et c’était vraiment un morceau de choix. Mais je restai calme. Le rhum m’aidait.

– Vous faites trop de bruit, répondis-je. Jean va sûrement vous entendre.

– Il y a la salle de bains entre nos deux chambres.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.