Cheval de Guerre by Un livre Un film

Cheval de Guerre by Un livre Un film

Auteur:Un livre Un film [film, Un livre Un]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, guerre 14-18
ISBN: 9782070619474
Amazon: 2070619478
Éditeur: Gallimard Education
Publié: 2008-05-01T22:00:00+00:00


12

Ce fut peut-être en contraste avec ces quelques mois idylliques passés en compagnie d’Émilie et son grand-père que la suite se révéla une expérience si cruelle, si amère, pour Topthorn et moi-même ; ou peut-être ce fut simplement que la guerre devenait tout le temps plus terrible. À certains endroits maintenant, les canons s’alignaient à quelques mètres à peine les uns des autres sur des kilomètres et des kilomètres. Quand ils laissaient retentir leur furie, la terre même tremblait sous nos pieds. Les files de blessés semblaient interminables, et le paysage était ravagé sur des kilomètres en arrière des tranchées.

Certes, le travail n’était pas plus pénible qu’au temps où nous tirions la charrette-ambulance, mais aujourd’hui, ce n’était pas tous les soirs que nous allions à l’écurie. Enfin, bien sûr, nous ne pouvions plus compter sur la protection de notre Émilie. D’un coup, la guerre n’était plus lointaine. Nous étions de retour parmi le vacarme effroyable et la puanteur des combats, à hâler notre pièce dans la boue, pressés, fouettés, parfois, par des hommes qui manifestaient peu de souci ou d’intérêt pour notre bien-être, du moment que nous menions les canons là où ils devaient aller. Non pas que ces hommes fussent cruels mais, tout simplement, parce qu’ils semblaient mus à présent par quelque effroyable contrainte qui ne leur laissait aucun loisir d’être agréables ou prévenants les uns pour les autres – ou pour nous.

La nourriture se faisait rare, à présent. Nous recevions notre ration de grain irrégulièrement, à mesure que l’hiver arrivait de nouveau, et, tous nous étions à la portion congrue pour le fourrage. Tous, nous perdions du poids et notre forme. Parallèlement, les batailles semblaient devenir plus furieuses et plus longues et nous travaillions davantage d’heures plus pénibles à tirer notre canon. Nous avions mal partout en permanence ; nous avions froid en permanence. Nous finissions chaque journée couverts d’une boue glacée et ruisselante qui semblait s’insinuer et nous geler jusqu’aux os.

L’attelage du canon était un assemblage disparate de six chevaux. Sur les quatre auxquels nous nous adjoignîmes, un seul avait la taille et la force de tirer comme un cheval de l’artillerie- – une espèce de malabar qu’on appelait Heinie et qui ne semblait absolument pas perturbé par tout ce qui se passait autour de lui. Le reste de l’attelage s’efforçait de suivre son exemple, mais seul Topthorn y parvenait. Heinie et Topthorn étaient les deux chevaux de tête ; moi, je me retrouvai attelé derrière Topthorn, en compagnie d’un petit cheval maigrichon et nerveux du nom de Coco. Il avait tout un assortiment de taches blanches sur la figure qui provoquait souvent l’amusement des soldats lorsque nous passions devant eux. En fait, il n’était pas drôle du tout, Coco – il avait le plus sale caractère de tous les chevaux que j’ai rencontrés, avant lui ou après. Lorsque Coco était en train de manger, personne, homme ou cheval, ne se risquait assez près pour se faire mordre ou recevoir une ruade. Derrière nous, il y avait une paire de chevaux plus petits : des poneys bruns à crinière et queue couleur de lin.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.