Quarantaine by May Peter

Quarantaine by May Peter

Auteur:May, Peter
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions du Rouergue
Publié: 2021-01-08T00:00:00+00:00


Chapitre 13

MacNeil s’affala sur le sol et s’adossa au mur. À l’ouest, au-delà de St. Anne’s Court, l’incendie n’était pas encore éteint mais les pillards devaient être partis car seul le crépitement des flammes perçait le silence.

Quelqu’un avait tiré trois balles dans la poitrine de Kazinski. Quelqu’un qui l’attendait ici, dans la ruelle. Aucun coup de feu n’avait retenti. Même avec la tête qui sonnait le tocsin, il les aurait entendus. Le verdict de Laing sur le sniper qui avait tué les gamins, à South Lambeth, lui revint en mémoire. Un vrai travail de pro. Une arme de pro entre des mains de pro. Là aussi, ça sentait le professionnel. Une exécution propre et sans bavure. Une arme munie d’un silencieux. Quelqu’un ne voulait pas que Kazinski parle à MacNeil, ni à personne d’autre. Il lui vint à l’esprit qu’il s’agissait peut-être du même professionnel. Le tireur d’élite qui lui avait sauvé la vie dans l’après-midi attendait peut-être Kazinski. Maintenant, il l’avait eu.

Inclinant la tête en arrière, il l’appuya doucement sur la brique, puis respira à fond. Il se sentait lentement glisser dans une sorte d’état second, comme dans un linceul. Tout lui échappait. Sa vie, la ville, son boulot, cette enquête. Il avait l’impression d’être le jouet d’une vague d’évènements sur lesquels il n’exerçait aucun contrôle. Il était fatigué. Après avoir à peine dormi la nuit précédente, il avait repris son service depuis une quinzaine d’heures. S’il fermait les yeux, il pourrait s’assoupir. Ici même, sur le trottoir, avec un mort à ses pieds.

Mais il savait que la colère qui l’habitait, la petite voix intérieure qui criait avec rage, le tiendrait éveillé. Au loin, résonnèrent des coups de feu et l’écho distant de voix hargneuses. Il se traîna sur les genoux, enfila une paire de gants en latex et fouilla les poches de Kazinski. Il trouva un portefeuille contenant une carte d’identité, quelques billets, un peu de monnaie. Un trousseau de clés dans son pantalon. Des cigarettes et un briquet dans sa veste. Rien de très utile.

En inspectant de nouveau le portefeuille, il découvrit, au dos, une poche zippée. Ses gros doigts firent glisser maladroitement la tirette. À l’intérieur se trouvaient quelques reçus datant de jours meilleurs. Deux notes de restaurant, le ticket de caisse d’un bar. Ainsi qu’une carte de visite écornée. MacNeil l’inclina pour essayer de la lire malgré le peu de clarté, et passa l’index sur les lettres en relief, rouges, tarabiscotées. Jonathan Flight, Sculpteur. Elle indiquait l’adresse d’une galerie de South Kensington.

Flight. Le nom ne lui était pas inconnu. L’an passé, il apparaissait dans toutes les rubriques artistiques des journaux sérieux. Certaines de ses œuvres avaient même été assez controversées pour que les tabloïdes en parlent – c’était dans ceux-là que MacNeil l’avait vu. L’artiste était un spécialiste des représentations corporelles grotesques et souvent ouvertement sexuelles. Un homme sans tête au pénis en érection à moitié inséré dans l’anus d’un torse féminin. Une manchote tenant dans son unique main son sein sectionné. Un visage au sourire décharné révélant la mâchoire et les dents.



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