Poussière blonde by Rosnay Tatiana

Poussière blonde by Rosnay Tatiana

Auteur:Rosnay Tatiana [de Rosnay, Tatiana]
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2023-12-29T00:00:00+00:00


Le mois d’août s’éternisait, avec son impossible chaleur, son soleil de feu, et l’état de Mrs. Miller qui se détériorait. Il y avait ces matinées où elle ne pouvait plus se lever, et Pauline ne la voyait pas, elle ne sortait guère de la chambre. Puis il y avait ces autres jours où elle partait sur le tournage telle une somnambule défoncée, soutenue par Mrs. Strasberg, sous le regard désespéré et rageur de son époux. Derrière l’impeccable maquillage se dissimulait une épave.

Un soir, à la maison, Marcelle, dépitée, leur avait montré l’autographe qu’elle avait enfin obtenu. Quelle déception ! Elle avait patienté, avec d’autres adorateurs, jusqu’à ce que l’actrice sorte du Mapes un matin, et celle-ci avait à peine souri à ses fans tandis qu’elle dédicaçait ses photos. Une dame tout en noir la portait à bout de bras, car elle pouvait à peine marcher. Une loque !

– Tu savais qu’elle allait si mal ?

– Non, mentit Pauline. Je ne la croise pas souvent, tu sais. Pour ainsi dire jamais.

– Mais tu dois bien entendre ce qu’on dit d’elle ?

– Mildred Jones me surveille. Aucune envie de retourner aux toilettes pour dames. Donc je n’écoute pas les cancans et je ferme mon clapet.

– Voilà une attitude professionnelle, approuva Doug.

Marcelle demanda comment le Mapes gérait ces reporters qui faisaient le pied de grue devant l’hôtel. Pauline répondit que Mrs. Jones, tel un cerbère hargneux, les gardait à distance, mais il arrivait que certains se retrouvent devant la suite. Ils avaient alors affaire à l’armoire à glace qu’était Rafe.

– Mais elle sait tout de même qui tu es ? insista Marcelle. Elle connaît ton prénom ?

– Je présume que oui, dit Pauline. Elle reprit la formule cinglante de Kendall : Je ne suis que la femme de ménage, maman.

Marcelle aurait aimé tellement plus pour sa fille : un mari riche, de nombreux enfants, une jolie maison. Pauline savait tout cela, et en souffrait. Et voilà que Pauline n’était même pas capable d’attirer l’attention de Marilyn Monroe, de sortir du lot, et ça aussi, elle le lisait sur le visage de sa mère.

Il n’y avait que Doug pour l’encourager, la féliciter. Elle lui avait raconté en détail la soirée dans la Sky Room et ce moment féerique, quand Mrs. Miller avait dit à Kendall Spencer : « Pauline, c’est mon soleil du matin. » Doug avait compris qu’elle voulait garder tout cela pour elle, qu’elle n’en parlait même pas à Billie-Pearl, et que personne d’autre que lui n’était au courant. Peut-être pensait-il que c’était injuste vis-à-vis de son épouse, de ne rien lui divulguer, mais il ne le révéla pas. Il avait conscience des rapports complexes entre mère et fille, du regard parfois sévère que Marcelle portait sur Pauline depuis la naissance de Lily.



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