La photographe du Maharadjah by Dinah Jefferies

Auteur:Dinah Jefferies [Jefferies, Dinah]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature anglaise, Roman historique, Romance, Inde, Asie, Angleterre
ISBN: 9782381223872
Éditeur: Hauteville/Milady
Publié: 2023-04-04T21:00:00+00:00

Chapitre 19

Depuis sa conversation avec Laxmi, Eliza était dans un état d’esprit très différent. Quelle imbécile elle avait été de se laisser aller à ce romantisme sans espoir. Dorénavant, elle devrait garder avec Jay des relations strictement formelles. Alors qu’il sortait de la partie du château où étaient situés ses appartements, elle le croisa, lui adressa un simple signe de tête et se hâta de monter son escalier, sans s’arrêter pour voir sa réaction. Une fois dans sa chambre, elle ferma la porte à clé, son cœur cognant dans sa poitrine. Elle n’avait pas couru et pourtant, à la pensée de ce qui venait de se produire, elle avait le souffle court. Laxmi n’était pas seulement l’incarnation de la dignité, elle avait une volonté de fer.

Peut-être avait-elle raison ? Peut-être était-il préférable qu’elle achève sa mission aussi rapidement que possible. Qu’elle finisse ses six mois à Juraipur et quitte ce maudit château une fois pour toutes. Elle était sûre que Dottie serait d’accord avec elle. Elle allait se contenter de prendre quelques clichés supplémentaires de la famille royale, quelques autres dans la vieille ville. Même si, bien sûr, elle allait être obligée d’utiliser son Sanderson.

Clifford avait prévu un pique-nique au bord du lac, à l’extérieur de la ville. Elle profiterait de l’occasion pour lui annoncer qu’elle voulait accélérer les choses. Quant aux projets d’irrigation de Jay, il devrait les poursuivre sans son aide.

— Toutes les bonnes choses ont une fin, chuchota-t-elle.

Elle repensa à l’époque où sa mère et elle avaient quitté l’Inde, pour aller habiter chez James Langton, dans le Gloucestershire. Elle avait cru qu’il souhaitait sa présence, qu’il serait content d’avoir une enfant chez lui. Mais on l’avait envoyée dans un pensionnat médiocre et elle avait toujours eu la conviction qu’il avait voulu se débarrasser d’elle.

La perspective du pique-nique de Clifford lui rappela un autre souvenir. Un événement qui s’était produit juste avant son départ pour la pension.

La seule fois où James Langton les avait accompagnées en promenade, ils avaient traversé des champs ensoleillés. Il portait le panier du pique-nique. C’était au début du printemps, et elle se réjouissait de cette présence exceptionnelle. Mais il n’avait pas apprécié la tourte au poulet préparée par sa mère. Ensuite, quand par accident il s’était assis dans une bouse de vache, Eliza avait éclaté de rire. L’attrapant par le coude, il l’avait tirée du plaid sur lequel elle était assise et violemment giflée. Elle avait presque treize ans et l’épisode l’avait particulièrement humiliée. Elle était rentrée en courant à la maison, en pleurant tout le long du chemin. Sa mère avait fini par l’y rejoindre, plus d’une heure plus tard, échevelée, les boutons de sa robe de travers. Alors qu’elle avait besoin de l’amour et du réconfort maternels, Anna avait pris le parti de Langton. Elle avait ressenti cette attitude comme une amère trahison.

Elle n’était pas d’humeur à pique-niquer. Pourtant, elle s’était vêtue d’une robe à jupe ample, en fin tissu vert pâle, assortie d’une capeline en paille. Plusieurs connaissances de Clifford

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