Dans les mains du serpent (préf. Véry) by Fernand Rauzéna & Pierre Véry

Auteur:Fernand Rauzéna & Pierre Véry [Rauzéna, Fernand & Véry, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XIV

LA DEMANDE EN MARIAGE

Le Serpent-Mordoré monta jusqu’à la salle, suivi des deux bandits. Là, il glissa la lettre que venait d’écrire le Marquis dans un tiroir et libéra les deux hommes.

— C’est l’heure du déjeuner, allez casser la graine. Je vous verrai ce soir. Vous viendrez prendre mes ordres au sujet des trois caves.

Ojos de Toro et Vermicelli sortirent. Le Serpent attendit un instant. Une petites ampoule verte s’alluma dans un angle de la salle. Donc, les deux hommes étaient presque parvenus à la sortie de l’égout. Le Serpent se leva et se dirigea vers la cheminée. Il appuya sur la rosace et la cheminée pivota. Il passa dans le cagibi et se déshabilla rapidement, comme nous l’avons déjà vu faire. Il se vêtit cette fois d’une confortable robe de chambre et refit le chemin que nous parcourûmes déjà avec lui et avec Couanan-Douyle. Il pénétra dans son bureau. Midi dix sonnait. Il s’installa devant sa table et ralluma un cigare à moitié fumé déjà. Il se mit à tirer de grosses bouffées dans le but évident de produire beaucoup de fumée, comme quelqu’un qui aurait bombardé depuis pas mal de temps. Puis, il se mit à compulser des dossiers qui étaient devant lui. Soudain, il se leva, car il avait oublié d’ouvrir la porte du bureau, qui donnait sur la salle à manger. A peine était-il assis de nouveau qu’on frappa à la porte. C’était Monique. Elle entra, embrassa son père et se précipita vers la fenêtre qu’elle ouvrit toute grande en disant :

— Oh ! quelle tabagie ! C’est effrayant ! Tu n’as pas dû arrêter de fumer depuis ce matin, je parie ? Si j’avais su, je ne t’aurais pas quitté. Ah ! on a téléphoné deux fois de Tizi-Ouzou au sujet d’une commande de cure-dents laxatifs en racines d’aloès que tu as faite. J’ai dit que tu étais en conférence au sujet d’une grosse affaire à traiter, pour qu’on ne te dérange pas. J’ai bien fait ?

— Très bien, dit Sébastien Lagrosse en souriant.

Monique sourit aussi, mais, évidemment, sans comprendre. Lagrosse reprit :

— Tu sais, ma chérie, je m’en veux énormément. Je t’ai beaucoup délaissée ces temps derniers. Mon travail au Ministère en est seul responsable. J’ai été terriblement absorbé. Nous avons changé six fois de ministres depuis le début de l’année. J’ai à peine le temps de les mettre au courant du travail et, je te prie de croire que ce n’est pas commode. Avant d’être nommés ministres aux sous-produits exotiques, où ils ne faisaient rien, ce qui, d’ailleurs, simplifie ma tâche, ou ils étaient ministres d’autre chose, ce qui n’arrange rien. Celui qui est là, actuellement, a présidé, sans d’ailleurs s’y connaître davantage, aux destinées des P.T.T. et il est devenu philatéliste. Dès qu’il est assis devant son bureau, il sort son album et colle ses variétés. Le jeudi, il passe son après-midi devant le Théâtre Marigny à faire des échanges. C’est lui qui a demandé à être aux sous-produits exotiques, en raison des centaines de lettres que nous recevons de l’Union française.

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