Meurtres au Touquet by J. B. Livingstone

Meurtres au Touquet by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: du Rocher
Publié: 2016-08-21T00:00:00+00:00


CHAPITRE XIII

De fins réverbères dispensaient une lumière douce qui donnait aux pelouses soignées un vert irréel. Le centre du Touquet, entre ruelles commerçantes et forêt, accueillait la nuit d’automne avec un rien de nonchalance et une élégance innée. Se parant du vent marin et des senteurs des pins, les villas, dont personne ne fermait les rideaux, refusaient de se donner un air de ville. Seule la masse blanche de l’Hermitage ressemblait à un immeuble. Higgins s’adressa au portier, un homme âgé, plutôt bedonnant, arborant une livrée rouge et or dont la splendeur avait quelque chose de britannique.

— Permettez-moi de vous féliciter, dis l’ex-inspecteur-chef.

Le portier afficha un contentement presque béat.

— Ah ! C’est un souvenir de la grande époque… Ce soir, il y a une réception chez un lord anglais. Il m’a demandé si je voulais bien revêtir ce costume. J’ai accepté avec enthousiasme. Le Touquet n’est pas une ville comme les autres. Je redoute le progrès et le béton. Ils n’ont rien à faire ici.

— Comme vous avez raison, mon ami ! Il est vrai que vous veillez sur des célébrités… comme mon compatriote Humphrey Laglen, par exemple.

L’air de contentement s’estompa.

— M. Laglen est sans doute une célébrité, mais sa conduite… son comportement, je veux dire ses fréquentations…

— Je me suis laissé dire qu’il vivait avec une femme plus jeune que lui.

— C’est un moindre mal, estima le portier. Ils sont ensemble depuis une quinzaine de jours. D’ordinaire, ces dames ne survivent pas un week-end. M. Laglen est un redoutable séducteur. Je ne compte plus les femmes de toute nationalité qu’il a attirées dans ses filets. Celle-là, c’est une Australienne. Fort belle, ma foi, mais un peu sauvage. Ils sortent beaucoup et ils rentrent tard. Aujourd’hui, elle n’est pas sortie. Une petite douleur à la cheville.

— Et lui ?

— Je crains qu’il ne soit reparti en chasse, si vous me permettez l’expression. À cette heure-ci, il devrait conter fleurette au bar du Westminster.

*

* *

Le portier était parfaitement renseigné. Humphrey Laglen devisait gaiement avec une très jeune fille qui éclatait de rire à chacune de ses plaisanteries.

Higgins, sans se faire remarquer, s’adressa au barman.

— Voyez-vous souvent ce monsieur ? demanda-t-il en désignant du regard Humphrey Laglen.

— Je ne sais pas si je dois… C’est extrêmement gênant.

Un billet prestement empoché fit taire les appréhensions du barman.

— Je ne vous demande rien d’indiscret. J’aimerais savoir si ce monsieur a rencontré ici une femme qui m’est très chère. La trentaine épanouie, très belle, les yeux verts, de longs cheveux noirs, portant un tailleur classique, sans doute gris perle.

— Ça me dit quelque chose, en effet… Oui, ils se sont rencontrés ici.

— Il y a combien de temps ?

— Un peu plus de trois semaines, je crois. Cette dame avait une chambre. Pas M. Laglen.

— Vous le connaissez donc ?

— C’est une célébrité au Touquet… Notre plus grand séducteur anglais. L’âge n’a aucune prise sur lui.

*

* *

Sourire aux lèvres, Humphrey Laglen sortit du Westminster avec, à son bras, une jeune fille riant aux éclats. Higgins lui barra le chemin.



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