Mémoires de barry lyndon du royaume d'irlande by William Makepeace Thackeray

Mémoires de barry lyndon du royaume d'irlande by William Makepeace Thackeray

Auteur:William Makepeace Thackeray [Thackeray, William Makepeace]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 1844-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 12

Contenant la tragique histoire de la princesse de X…

Plus de vingt ans après les événements racontés dans les chapitres qui précèdent, je me promenais avec milady Lyndon dans la Rotonde, au Ranelagh ; c’était en 1790 ; l’émigration de France avait déjà commencé ; les anciens comtes et marquis accouraient en foule sur nos rivages, non pas affamés et misérables comme on les vit peu d’années après, mais non encore inquiétés, et apportant avec eux des signes de leur splendeur nationale. Je me promenais donc avec lady Lyndon, qui, proverbialement jalouse et toujours désireuse de me tourmenter, aperçut une dame étrangère qui évidemment me remarquait, et, comme de raison, me demanda quelle était cette odieuse grosse Hollandaise qui me lançait ainsi des œillades. Je ne la connaissais pas le moins du monde. Il me semblait bien avoir vu ce visage-là quelque part (il était maintenant, comme disait ma femme, énormément gras et bouffi), mais je ne reconnaissais pas sous ces traits une des plus belles femmes de l’Allemagne de son temps.

Ce n’était autre que Mme de Liliengarten, la maîtresse, ou, comme disaient certaines personnes, l’épouse morganatique du vieux duc de X…, père du duc Victor. Elle avait quitté X… peu de mois après la mort du grand-duc, avait été à Paris, à ce que j’appris, où quelque aventurier sans principes l’avait épousée pour son argent ; mais elle n’en avait pas moins conservé son titre quasi royal, et, au grand amusement des Parisiens qui fréquentaient sa maison, prétendait aux honneurs et au cérémonial d’une veuve de souverain. Elle avait un trône dans sa salle d’apparat, et ses domestiques et ceux qui voulaient lui faire leur cour ou lui emprunter de l’argent lui donnaient de l’altesse. Le bruit courait qu’elle buvait copieusement ; ce qu’il y a de certain, c’est que son visage portait toutes les marques de cette habitude, et avait perdu ces roses et cet air de franchise et de bonne humeur dont avait été charmé le souverain qui l’avait anoblie.

Quoiqu’elle ne m’eût pas abordé dans le cercle du Ranelagh, j’étais, à cette époque, aussi connu que le prince de Galles, et elle n’eut aucune difficulté à trouver ma maison dans Berkeley-square, où un billet me fut expédié le lendemain matin.

« Une ancienne amie de monsieur de Balibari, y était-il dit en fort mauvais français, désire revoir le chevalier et causer de l’heureux temps d’autrefois. Rosine de Liliengarten (se peut-il que Redmond Balibari l’ait oubliée ?) sera chez elle, dans Leicester-Fields, toute la matinée, attendant quelqu’un qui n’aurait pas ainsi passé près d’elle il y a vingt ans. »

C’était, en effet, Rosine de Liliengarten, une Rosine épanouie comme j’en ai rarement vu. Je la trouvai à un premier étage assez convenable, dans Leicester-Fields (la pauvre âme tomba beaucoup plus bas par la suite), prenant du thé qui, je ne sais comment, avait une odeur très-prononcée d’eau-de-vie ; et après des salutations qui seraient encore plus ennuyeuses à raconter qu’elles ne le furent à faire, après quelques propos décousus,



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