L'ogre by Jean Dardi

L'ogre by Jean Dardi

Auteur:Jean Dardi [Dardi, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller, Littérature française
Publié: 2019-12-03T23:00:00+00:00


32

Yves Debez avait décidément beaucoup de défauts. Dont la médisance. Car il était faux de dire que Carpon n’en branlait pas une.

Non, Carpon buvait. Beaucoup, d’après le nombre de cadavres de Guiness accumulés sur la table de la salle à manger. Il devait également de temps à autre, remplir les documents ad hoc, afin de prolonger sa perception du RSA et des allocations chômage. Ça occupe…

La plaque de rue portant le numéro n’était plus qu’un bloc de rouille. Et la maison, ou plutôt la bicoque délabrée, disparaissait à quelques mètres, masquée en partie par un rideau de broussailles. Après avoir suivi une trace matérialisée dans les hautes herbes par les pas de ceux qui fréquentaient l’endroit, Dell’Orso se retrouva devant une porte partant en lambeaux. Il toqua avec modération, de crainte de voir le battant se désintégrer sous ses yeux et une voix avinée lui cria, de l’intérieur :

– Entrez ! C… c’est ou… ouvert !

L’odeur lui sauta aux narines comme lorsque l’on soulève le couvercle d’un faitout. Mais les effluves s’échappant de l’entrée n’étaient pas aussi agréables que celles d’un bon petit plat mijoté. En l’occurrence, on avait plutôt affaire à un mélange à proportions égales de relents de pieds, de moisi, de merde, et de vomi, avec un zeste de vinasse bon marché… Éventuellement de pisse… Mais seul un « nez » averti aurait pu isoler cette fragrance dans ce bouquet infâme…

Crasseux, hirsute, yeux globuleux, teint jaunasse trahissant un foie à problèmes, barbe clairsemée, à l’abandon depuis des jours, maigreur pathologique. Bref, on a vu des gens qualifiés d’épave pour moins que ça.

Le quinquagénaire habitait seul. À Gio qui avait préféré rester debout de peur d’attraper la vermine, il livra le résumé de son existence. Son père décédé depuis quinze ans d’une cirrhose, bon sang ne saurait mentir, et sa mère placée en EPHAD, il passait ses journées seul, souffreteux, à se confire dans l’alcool, avachi dans un vieux canapé hors d’âge, télé allumée non-stop.

Plein de bonne volonté, Carpon jugea préférable de montrer au policier de quoi il retournait. Il se leva avec les mêmes difficultés qu’un vieillard grabataire et traversa son gourbi en chancelant. Il mena Dell’Orso jusqu’à la cuisine où il lui désigna la fenêtre :

– Vous voyez, inspecteur, de là, jeee… jeee… vois … t… tout !

De fait, le 27 de l’allée des Cimes occupait une position stratégique pour observer les allées et venues dans le quartier.

L’élocution lente et empêtrée du poivrot aurait remonté le moral à Démosthène. Qui lui aurait vraisemblablement, en échange, donné sa combine des petits cailloux dans la bouche. À mi-journée, il devait déjà tourner autour des deux grammes par litres !

Dell’Orso constata qu’à quelques mètres, on apercevait la maison des Debez et de l’autre côté, le début de la ruelle. Vide de voitures pour l’instant.

– Vous avez donc remarqué une camionnette garée dans la rue,

Monsieur Carpon ? Quelques jours avant la disparition de Marion Debez ? Où se trouvait-elle ?

– Ou… ou… oui, le soir qu… quand je fais la sss… soupe, je regarde toujours par la fff… fenêtre.



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